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Bande dessinée numérique : Les groupes Delcourt et Glénat quittent Izneo pour Hachette Livre

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 février 2012                      Lien  
Les grandes manœuvres ont commencé dans la bande dessinée numérique : alors qu'ils avaient participé dans un premier temps au lancement d'Izneo, la filiale de Média-Participations développant le livre numérique, Delcourt et Glénat migrent vers la filiale numérique du groupe Hachette Livre, qui est aussi leur distributeur auprès des libraires.

Au départ, il s’agissait de se positionner sur le numérique. Pour quel marché, avec quelle rémunération ? On n’en savait trop rien. Encore aujourd’hui, le chiffre d’affaires sur ce secteur reste résiduel.

Mais son évolution aux États-Unis et en Asie montrent qu’il faut parer à toute éventualité, sans compter que les auteurs mettent la pression pour que les éditeurs fassent leur boulot de diffuseur sur ce secteur comme pour les autres : les e-books représentent désormais 20% des ventes aux USA et 10% en Grande-Bretagne. Le Groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette fait "switcher" de plus en plus de titres de presse sur les supports numériques.

Bande dessinée numérique : Les groupes Delcourt et Glénat quittent Izneo pour Hachette Livre
Izneo est celui qui, pour le moment, propose l’offre de BD numérique la plus large. Plus pour longtemps...
Capture d’écran

Dans un communiqué, le Groupe Delcourt (Éditions Delcourt, Soleil, Tonkam, Quadrants, Akata...) annonce son passage avec armes et bagages numériques chez Hachette Livre avec une offre qui commence à peser lourd et qui s’enrichit mensuellement d’une trentaine de nouveaux titres (nouveautés et fonds). Elle comprend des séries phares telles que Le Chant des Stryges, Le Crépuscule des Dieux, Noob, Okko, Les P’tits Diables ou Walking Dead, dont le nouveau tome paru le 15 février s’est classé 6e des meilleures ventes de livres sur cette plateforme.

La raison avancée pour ce rapprochement est une meilleure synergie avec l’exploitation en librairie : " Le Groupe Delcourt a confié la distribution numérique de son catalogue à Hachette Livre, son distributeur de livres physiques, ce qui garantit la cohérence du travail effectué sur les deux supports : dates de mise en vente synchronisées, bases de données harmonisées, etc. Hachette apporte de plus une compétence irremplaçable dans ce domaine, acquise depuis cinq ans aux États-Unis, où le livre numérique est déjà une réalité incontournable."

Hachette assure directement la distribution numérique auprès des gros acteurs que sont Apple, Google, la Fnac, Amazon et Numilog, cette dernière relayant ensuite cette distribution auprès des "petits" libraires numériques, comme un grossiste en somme. Hachette Livre risque de devenir un acteur de poids dans ce secteur.
Capture d’écran

Avec un changement de politique commerciale non négligeable : "Le prix de vente des ouvrages numériques a fait l’objet d’une attention toute particulière : il se situe entre 25 et 30 % en dessous du prix de l’édition imprimée, ce qui apparaît aujourd’hui comme un bon point d’équilibre." Une bonne nouvelle pour les auteurs !

D’après nos informations, le Groupe Glénat (Glénat, Drugstore, Vents d’Ouest, Treize Étrange...) suivrait le même chemin, tandis que Futuropolis prendrait celui d’Izneo...

Or, Hachette, c’est aussi Pika et Astérix... C’est donc un vrai combat des chefs qui s’engage et il sera intéressant de voir évoluer les offres commerciales sur ces deux plateformes dans les temps à venir.

Pour le moment, la bande dessinée numérique pèse peu. Mais qu’en sera-t-il dans moins d’une génération ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Article modifié et corrigé le 22/02/2012 à 17 heures.

Delcourt Glénat
 
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12 Messages :
  • "Avec un changement de politique commerciale non négligeable : "Le prix de vente des ouvrages numériques a fait l’objet d’une attention toute particulière : il se situe entre 25 et 30 % en dessous du prix de l’édition imprimée, ce qui apparaît aujourd’hui comme un bon point d’équilibre." Une bonne nouvelle pour les auteurs !"

    Pouvez-vous expliquer votre conclusion "une bonne nouvelle pour les auteurs" ? Parce que rien dans le corps du texte n’explique en quoi c’est une bonne nouvelle pour les auteurs.

    Merci d’éclaircir votre propos.

    M6 et son émission Capital ont consacré un reportage ce samedi sur le sujet.
    Selon eux, les marges des éditeurs augmentent considérablement en vendant des livres numériques plutôt que des livres papiers... même en diminuant le prix de 30% (une baisse sur laquelle les éditeurs s’entendent). Les marges des éditeurs doublent presque.

    Les droits d’auteurs quant à eux, passeraient de 10% pour un livre papier à 15% pour du numérique.

    Est-ce cela la bonne nouvelle pour les auteurs dont vous parlez ?

    Passer de 10% sur un prix de vente à 20 euros (soit 2 euros de droits d’auteurs) à 15 % sur un prix de vente à 14 euros (soit.... 2,1 euros de droits d’auteurs !) cela ne constitue pas vraiment une différence significative de rémunération pour les auteurs.

    Et encore, il faut arriver à vendre assez pour recouvrir les avances sur droit avant de commencer à toucher ces fameux 15% !!!

    Ouais, vraiment une superbe opportunité le numérique pour les éditeurs.... pas vraiment pour les auteurs.

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    • Répondu le 22 février 2012 à  17:38 :

      pour abonder dans votre sens, les éditeurs BD essaient carrément d’imposer (et ils y arrivent souvent) des pourcentages de l’ordre de 8% ...

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    • Répondu le 23 février 2012 à  10:08 :

      pas tous, je connais 2 éditeurs qui offrent 20 et 30 pour cent. bien sur ce ne sont pas de très grosses structures, mais au moins leurs auteurs ne se sentent pas volés.

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    • Répondu par Laryngo le 23 février 2012 à  10:22 :

      Peut-être ActuaBD faisait-il preuve au contraire d’ironie, en qualifiant ces politiques commerciales de "bonne nouvelle". Je l’ai compris ainsi, en tout cas !

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      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 février 2012 à  10:47 :

        Vous voyez un peu vite de l’ironie là où il y a une analyse : le contrôle des prix permettra une rémunération équitable pour tous. Sans cela, elle est impossible.

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        • Répondu le 23 février 2012 à  11:56 :

          Equitable ?
          Grâce au numérique, l’éditeur s’offre une ENOOOORME part du gâteau et l’auteur quant à lui reste avec son tout petit morceau (sans massepain en plus).

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          • Répondu le 23 février 2012 à  23:19 :

            C’est bien vrai, les éditeurs sont les grands méchants, comme toujours... Editez-vous, vous-même si c’est si simple, et vous ferez ainsi d’une pierre deux coups...

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            • Répondu le 24 février 2012 à  02:37 :

              Kindle Publishing va tuer les éditeurs. Quand demain on pourra AUTOpublier des bds, des livres pour enfants, comme on peut déjà le faire ajd avec des romans, demain les éditeurs papiers pourront mettre la clé sous la porte.
              Il ne faudra que quelques clics pour proposer sa bd en vente à 3 euros. Amazon donne 70% du prix de vente aux auteurs. 70% de 3 euros, ça fait presque 2 euros, soit deux fois plus de droits d’auteurs que ceux actuellement touchés par les auteurs sur la vente d’une bd papier à 10 euros (10% soit 1 euro)
              C’est ça le futur ! Quand demain Gibrat proposera sa nouvelle bd à 3 euros sur Kindle, ce sera le boom. D’ici 2-3 ans on en reparle. Tout va aller vite, très très vite.

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              • Répondu par erich le 25 février 2012 à  06:04 :

                Sauf que les contrats Amazon ne sont pas tout à fait comme cela. C’est 70% du prix de vente (choisi par Amazon) et non pas 70% du prix recommandé (choisi par l’auteur). D’où une grosse différence potentielle...

                Je ne sais ce qu’il en sera en France, seul pays avec un prix unique pour les livres, mais je doute que - dans la pratique au moins - celui ci survive longtemps au passage au numérique...

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                • Répondu le 25 février 2012 à  16:00 :

                  Ce n’est pas Amazon qui choisi le prix de vente, mais vous.

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        • Répondu par Vincent Sorel le 23 février 2012 à  12:35 :

          « Le contrôle des prix permettra une rémunération équitable pour tous. »

          Certes, mais comme toujours, au prix d’une négociation serrée et sévère... Il faut se battre pour cette rémunération, sinon comme dit plus haut, on se retrouve avec des 6 ou 8%. Pour l’instant, le numérique est souvent une bonne façon d’arnaquer les auteurs peu au courant (voir les nombreux articles du Snac ou de la Charte sur le sujet)

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          • Répondu par Didier LE BORNEC le 15 septembre 2013 à  12:39 :

            Si les éditeurs ne veulent pas payer les auteurs... je ne sais pas... qu’ils vendent des cahiers !!

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