Au milieu de l’océan, un vaisseau espagnol est attaqué par le Barracuda, le navire de Blackdog ! Ce pirate des plus sanguinaires n’a qu’une seule devise qu’il canonne à ses hommes avant le combat : « Pas de quartier ! Excepté pour les femmes, s’il y en a ! ». Les Espagnols s’affairent, tentant de se préparer au combat, même si celui-ci sera forcément inégal. Blackdog envoie son propre fils, Raffy, pour en découdre avec le capitaine du vaisseau. Mais, inexpérimenté, ce dernier s’effondre à terre et ne doit son salut qu’à une tractation qui se fait à ses dépends.
Les pirates découvriront dans les cabines du vaisseau espagnol, une femme issue de la noblesse, ainsi qu’Emilia et Maria, deux jeunes enfants. Elles seront toutes trois vendues au plus offrant une fois arrivées à Puerto Blanco. Ces mêmes passagers se font dérober la carte qui mène au diamant du Kashar, le plus gros du monde, connu pour avoir entraîné la mort et la désolation sur son passage.
Ce premier tome d’un triptyque fait office d’ouverture à un récit que l’on imagine riche et dense. Jean Dufaux a pris le parti de centrer son histoire sur une île qui sert de refuges aux forbans des mers et qui, en dépit ses allures coloniales paisibles, est un endroit sans pitié. Les deux jeunes adolescentes (en réalité, un garçon travesti pour tenter d’échapper à un sort funeste) et la femme capturée sur le vaisseau espagnol seront rapidement vendues, et se retrouvent ainsi l’objet des convoitises sexuelles de la part de leurs nouveaux maîtres. Jean Dufaux pose ses pions, dose les ingrédients et joue avec les ficelles du genre (une chasse au trésor) pour son récit introductif.
La véritable surprise de Barracuda est incontestablement le graphisme de Jérémy. L’assistant et ami de Philippe Delaby travaillant avec le scénariste de Murena aurait pu apparaître comme "parachuté" sur cette série ambitieuse. Mais non, le talent est là ! En trois années de travail, Jérémy a pris le temps d’affiner sa technique et son style. Même s’il peut encore s’améliorer, son graphisme est soigné et avenant. Il accorde une telle importance à l’expressivité de ses personnages qu’on les sens vivants, habités, soutenus par une mise en couleur lumineuse. Certes, la mise en scène souffre çà et là de quelques rares travers, mais l’ensemble demeure plutôt convaincant ! On attend la suite avec impatience.
(par Nicolas Anspach)
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