Cette fois, Basil et Victoria sont donc de retour sur le sol anglais, et essaient de survivre dans un Londres peu accueillant pour les sans famille. Quand un petit ramoneur leur tombe littéralement dessus, Victoria tombe, elle, sous le charme quelque peu encrassé du gamin (il est français, après tout...) et décide de faire aussi partie de cette valeureuse confrérie.
Pour une autre Victoria, le reine d’Angleterre, c’est la tuile : son Empire serait menacé, si l’on en croit la prophétie liée à la disparition des corbeaux de la Tour de Londres. La reine engage alors une course contre la montre pour découvrir ce qu’il a pu arriver aux indociles volatiles.
Bien sûr, ces différentes intrigues vont se retrouver liées, d’une façon aussi inattendue qu’amusante.
Le scénario de Yann présente de belle manière la peinture de la vie de ces enfants qui doivent assurer leur propre subsistance, dans un quotidien où la férocité de l’environnement ne gâche pas leur joie de vivre. Le scénariste s’amuse également beaucoup à parsemer son texte de références aux figures réelles ou fictionnelles de l’époque, entre Oscar Wilde [1] et Sherlock Holmes, en passant par Dickens et son Fagin.
Il ne perd cependant pas une occasion de mettre en lumière la dureté des conditions de vie de ces enfants, même si son humour fait passer la pilule. Les relations amoureuses conflictuelles entre ses jeunes protagonistes alimentent en effet une bonne partie de l’album, le ton très décomplexé adopté faisant plaisir à voir.
Le dessin d’Edith nous semble participer du même équilibre : en surface charmant et coloré, il représente de façon finalement assez crue cette Angleterre qui laisse sur le carreau une importante partie de sa population en général, et de ses enfants en particulier. Il y a là un réalisme social qui ne s’efface jamais derrière le rythme soutenu de la fiction.
Cet équilibre entre humour et critique sociale donne une identité particulière à cet album, et le rend encore plus prenant que le précédent. Si l’on peut avoir l’impression que l’histoire des volatiles est plus un MacGuffin qu’autre chose, on ne peut qu’être emballé par ces attachants portraits de gamins des rues.
(par François Peneaud)
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[1] Encore que l’on pourrait douter que la reine s’amuse des frasques de Wilde et de son amant, mais ne chipotons pas.