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Batman : Des Ombres dans la nuit – Par Jeph Loeb et Tim Sale – Urban Comics

Par Antoine Boudet le 22 janvier 2014                      Lien  
Premier recueil rassemblant les épisodes de "Legends of the Dark Knight" sortis entre 1993 et 1995, cette mini-série hors continuité donnait aux lecteurs un avant-goût de ce qui l'attendait dans "A Long Halloween".

Legends of the Dark Knight est une série assez méconnue en France. Affranchie du poids de la continuité, cette série pouvait se permettre certaines extravagances là où d’autres titres se retrouvaient engoncés dans le carcan de la ligne éditoriale.

En 1993, Archie Goodwin, alors éditeur de Legends of the Dark Knight chez DC, s’entoure de Tim Sale et de Jeph Loeb pour créer une histoire de Batman ayant pour thème la peur.

Loeb lui soumet l’idée d’un hors-série pour Halloween, et c’est ainsi que naquit Haunted Knight (Chevalier hanté), découpé en chapitres, Fears (Peurs) publié en 1993, Madness (Folie) en 1994 et Ghosts (Fantômes) en 1995. Un récit où Batman se retrouve confronté à Jonathan Crane, plus connu sous le nom de Scarecrow (L’Épouvantail).

Batman : Des Ombres dans la nuit – Par Jeph Loeb et Tim Sale – Urban Comics
(C) Tim Sale/DC Comics

Jeph Loeb s’est évidemment penché sur les peurs respectives des différents protagonistes de l’histoire. On y retrouve Batman affrontant ses angoisses, mettant en doute le bien-fondé de son combat suite à l’inhalation d’un gaz psychotique diffusé par Crane ; Alfred, son fidèle majordome, aux prises avec sa peur de voir Bruce Wayne tomber dans les griffes de la mauvaise personne, outrepassant son statut de majordome pour endosser celui de tuteur légal, et enfin, nous voyons la peur de Scarecrow lui-même, un individu pourtant qui n’est pas sensé craindre la peur.

Dans le chapitre concernant la folie, c’est Jarvis Tetch, le Chapelier, qui s’en prend à la fille adoptive du commissaire Gordon, Barbara. Sa folie prends racine dans l’univers de Lewis Caroll qu’il transpose dans notre monde. Le récit s’applique à nous dépeindre les angoisses de Jim Gordon, qui se sent coupable du rapt de sa pupille, ainsi que celles de Batman qui doit faire face au souvenir douloureux de sa mère lui lisant Alice au Pays des merveilles quelques heures avant qu’elle et son mari ne se fassent abattre dans une ruelle sombre, à la sortie du Monarch Theater, pour quelques billets et un collier de perles...

(C) Tim Sale/DC Comics

Le dernier chapitre, Ghosts, fait aussi la part belle à l’intrigue psychologique puisque Batman est visité par les apparitions de son père, de Poison Ivy et du Joker.

Ce court récit met en exergue le fait que Bruce n’a plus vraiment de double vie. Les enfants ne viennent pas au manoir le soir d’Halloween, pensant qu’il est hanté. Bruce se remémore aussi sa rencontre avec Lucius Fox à Paris et la création de la Fondation Wayne. Ce numéro introspectif n’aurait jamais pu voir le jour dans une série telle que Detective Comics, tant son côté intemporel l’écarte de facto d’une continuité nécessaire à la dynamique du comic book. Certes, Tim Sale en est à ses débuts sur Batman, il est encore un peu hésitant, mais on y retrouve déjà certaines de ses qualités qui s’épanouiront quelques temps plus tard sur A Long Halloween.

Ce tome comprend aussi une histoire de Catwoman, When in Rome, nous racontant les aventures de Selina Kyle et d’Edward Nigma, partis en Italie sur les traces d’une éventuelle preuve écrite confirmant que Carmine Falcone est le père de Selina. Ce récit se situe entre A Long Halloween et Dark Victory.

Cette histoire, centrée autour des familles mafieuses, nous raconte comment Selina en arrive à retourner à Gotham. Son attirance envers Batman se renforce tout au long des sept chapitres composant ce récit...

(C) Tim Sale/DC Comics

Si ce récit est sorti bien après A Long Halloween, on y retrouve le savoir-faire caractéristique de Jeph Loeb : chaque chapitre a son thème précis. L’avancement de l’intrigue se fait sur le même modèle que ses autres récits écrits pour Batman : le « twist final » est tellement visible à des kilomètres à la ronde, même par temps de brouillard, que l’on se demande pourquoi on accroche encore... Le pire, c’est que ça marche, le récit arrive à nous scotcher et comme, une fois encore, Tim Sale nous envoûte avec les courbes félines de Selina Kyle, on y reste.

En parlant de Sale, celui-ci a bien eu du mal à redessiner le costume « Year One » de Catwoman, tant la version redéfinie par Darwyn Cooke avait marqué. Sale magnifie l’anatomie de la belle, sans pour autant tomber dans le graveleux : tout y est suggestion, on sent bien que Selina se joue autant de ses adversaires que des lecteurs, ce qui nous amène à penser qu’en dépit du côté sérieux et sombre de l’intrigue, Loeb et Sale manient l’humour et la dérision de façon très subtile. Il n’est pas rare de voir Selina vêtue d’un simple drap s’adresser à un protagoniste tout en lançant un petit regard complice vers le lecteur...

(C) Tim Sale/DC Comics

Enfin, ce tome se conclut par Night after night (Nuit après nuit), paru initialement dans Batman Black and White volume 2, où Batman nous décrit comment se passe une de ses journées de travail et sur l’aspect cyclique, pour ainsi dire taoïste, de sa relation avec le Joker.

Pourvu de sa galerie de couvertures et quelques croquis préparatoires, Batman : Des Ombres dans la nuit s’impose comme un excellent album. Si le tandem Loeb/Sale est sans aucun doute pour quelque chose dans cette réussite, son statut d’électron libre de la série Legends of the Dark Knight lui assure néanmoins une place de choix dans toute bat-bibliothèque qui se respecte.

Cette année de la Chauve-souris commence vraiment sur de bonnes bases.

(C) Tim Sale/DC Comics

(par Antoine Boudet)

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- le collectif Batman : Cataclysme
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