À la fin du précédent tome, nous avions laissé un Batman devenu vampire que l’on croyait mort, un pieu enfoncé dans le cœur. Mais les vampires ne meurent jamais, à moins d’avoir la tête tranchée…
Or, dans ce troisième volet, le fidèle Alfred, pris de scrupules, juge bon de retirer le pieu du cœur de Batman, ce qui le libère aussitôt. Mais cette fois-ci, Batman est devenu un véritable monstre assoiffé de sang. Contrairement au tome 2, nous ne sommes plus du tout dans le concept du vampire politiquement correct qui pouvait maîtriser sa pulsion ; Batman est devenu un être monstrueux qui va tuer jusqu’à plus soif. Lui qui s’était fait depuis toujours un point d’honneur à ne pas tuer ses ennemis, il va les massacrer un par un : Le Pingouin, Le Sphinx, L’Épouvantail, Poison Ivy, etc. Et qu’adviendra-t-il ensuite quand tous les criminels de Gotham City seront éliminés ?…
Comme nous le voyons, l’intrigue imaginée par Doug Moench est noire, très noire. Jamais une histoire de Batman n’avait été aussi loin dans l’aspect ténébreux du personnage, devenu pour le coup réellement effrayant, lui qui a toujours voulu terroriser les criminels avec son habit de chauve-souris... Mais il s’agit aussi d’une tragédie car Batman n’est pas qu’un monstre, il garde conscience et réalise sa terrible déchéance.
Le dessin de Kelley Jones est original et colle parfaitement à cette ambiance d’horreur tragique. Kelley Jones s’est d’ailleurs spécialisé de ce style, inspiré par son aîné, le génial Bernie Wrightson [1]. On notera la composition des planches, très dynamique, avec des cases qui se chevauchent, des personnages qui débordent de celles-ci, etc.
En conclusion, cette trilogie sur Batman se relève assez fascinante et captivante. Kelley Jones poursuivra sa participation sur le personnage de Batman en dessinant la série régulière de 1995 à 1998 (« La brume rouge » parait après en 1999), et récemment sur la maxi-série « Minuit à Gotham » (« Gotham After Midnight »), 12 numéros de juillet 2008 à juin 2009 chez DC Comics et traduits en français chez Panini Comics cet été peu avant « La brume rouge ». À découvrir également.
(par François Boudet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
