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Batwoman T3 - Par J.H. Williams III, W. Haden Blackman & Trevor McCarthy (Trad. Thomas Davier) – Urban Comics

Par Guillaume Boutet le 24 juillet 2014                      Lien  
Pour affronter Médusa, monstre mythologique, et retrouver les enfants qu'elle a fait enlever, Batwoman s'associe à la célèbre princesse amazone : Wonder Woman. Une alliance inattendue pour une fin de cycle haute en couleurs !

Kate Kane, alias Batwoman, nous revient avec une recette désormais bien connue qui n’en demeure pas moins toujours réussie : un univers mêlant créatures surnaturelles et esprit vigilante, saupoudré de problèmes familiaux et de cœur, le tout porté par une narration graphique sophistiquée et complexe.

Connue comme super-héroïne gay, ce qui avait fait le buzz à l’époque, Batwoman représente aujourd’hui bien plus que cette note d’intention tout à fait louable. C’est un personnage qui a apporté un vrai vent de modernité au bat-univers, renouvelant astucieusement certains de ses codes, forgeant au fil des ans une mythologie et une identité visuelle personnelle et convaincante.

En effet, pour les nouveaux personnages, rien n’est plus difficile dans l’univers du comic mainstream que de se faire une place durable et de développer leur propre univers. En ce sens, nous pouvons saluer le travail de Greg Rucka, J. H. Williams III et W. Haden Blackman qui ont su imposer, et brillamment développer, le personnage de Batwoman depuis sa réinvention dans le cadre de la série limitée 52 (2006-2007).

Batwoman T3 - Par J.H. Williams III, W. Haden Blackman & Trevor McCarthy (Trad. Thomas Davier) – Urban Comics
Exemple typique de mise en page éclatée de la série
© Urban Comics / DC Comics

Ce troisième tome marque la fin du premier arc narratif de la série [1], écrit à quatre mains par J. H. Williams III et W. Haden Blackman. Et, vu sa densité et les nombreuses intrigues parallèles et personnages traités, le lecteur devra bien avoir en tête les épisodes précédents s’il désire tout suivre -quitte à se replonger dans ses anciens tomes...

Remettons-nous dans le contexte : Batwoman chasse une mystérieuse organisation, Médusa, qui enlève des enfants. Pour cela, ces kidnappeurs font appel à certaines légendes urbaines, comme Llorona ou Bloody Mary, auxquelles ils ont donné vie grâce à la magie.

Batwoman et Wonder Woman pris dans les ténèbres... avec une page devenant de plus en plus sombre
© Urban Comics / DC Comics

Parallèlement à cette enquête, Kate se brouille avec son père, débute une nouvelle relation amoureuse avec une inspecteur de police, recrute une coéquipière -mais l’expérience tourne mal- et se fait enrôler de force par une organisation gouvernementale qui l’oblige désormais à opérer sous ses ordres, rien que ça !

C’est sur cette base que débute ce nouveau tome, qui nous offre rapidement une révélation fracassante : l’organisation traquée par Batwoman porte le nom de « Médusa » tout simplement parce qu’elle est dirigée par le fameux monstre mythologique. C’est ainsi qu’elle en vient à demander de l’aide à Wonder Woman, bien plus qualifiée qu’elle pour faire face à ce genre d’adversaire !

Un monstre en pleine ville : remarquez les cases se fondant dans les immeubles
© Urban Comics / DC Comics

Une alliance qui apparaît naturelle et qui permet au personnage de Batwoman de commencer à interagir avec « l’élite de ce monde » (titre fort à propos de l’arc narratif). La grande figure féminine de l’univers DC Comics reconnaît sa valeur et adoube, en quelque sorte, la nouvelle venue, lui ouvrant par la même occasion de nouvelles perspectives. Un « chaperonnage » classique mais nécessaire pour ancrer le personnage dans l’univers générale de DC Comics, et passer à l’âge « adulte ».

Maggie et la difficulté d’être simple flic à Gotham
© Urban Comics / DC Comics

Le récit fait comme toujours la part belle aux monstres avec, cette fois-ci, des créatures et des rencontres placées dans le giron de la mythologie grecque. On signalera entre autres une rencontre assez sidérante avec Pégase, ainsi qu’un passage dans un labyrinthe tout à fait angoissant.

Le grand spectacle est également au rendez-vous lors de ce final, qui nous propose une grande bataille dans les rues de Gotham, envahie par les monstres. Tout le personnel de la série se trouve convoqué lors de cet immense empoignade généralisée. Cependant, les trajectoires des personnages secondaires ne sont pas oubliées pour autant.

Maggie, la petite amie de Kate se voit dédier un épisode pour illustrer la façon dont un « simple flic » fait face à l’horreur surnaturelle qui frappe Gotham. Et Bette, alias Hawkfire, la cousine et alliée de Batwoman, prend sa revanche sur « l’homme au crochet », après une longue convalescence et une remise en question de sa vocation de super-héroïne.

Batwoman en action et en fureur !
© Urban Comics / DC Comics

Sur la partie graphique, la composition des pages de J. H. Williams III possède toujours cette sophistication dans le découpage aux pages éclatées qui le caractérisent. La double page se trouve abondamment utilisée, et invite le lecteur à parcourir ces grands ensembles dans des sens différents à chaque fois : du rectiligne au circulaire, en passant par le zigzag.

Ces dessins, souvent complexes, s’avèrent parfaitement mis en valeur par une colorisation tour à tour sombre ou éclatante, œuvre de Dave Stewart et Guy Major. Certains personnages bénéficient d’ailleurs d’un rendu très spécifique, comme Batwoman, à l’allure fardée fantomatique, ou l’Hydre, aux couleurs « hallucinantes », qui leur insufflent une présence toute particulière, presque irréelle.

La confrontation finale entre Batwoman et Médusa
© Urban Comics / DC Comics

Voici une conclusion d’arc narratif dense bien qui tient largement ses promesses et qui apporte un véritable aboutissement à la série. Comme toujours, la prestation graphique, très chargée, pourra perdre ou fatiguer le lecteur, mais le résultat offre un objet unique, à bien des niveaux, dans la production comics mainstream actuelle.

Ce sont également les derniers épisodes illustrés par J. H. Williams III, qui reste cependant au scénario, toujours avec W. Haden Blackman [2]. Le challenge sera donc de taille pour le nouveau dessinateur, Trevor McCarthy : il lui faudra trouver ses marques après le travail si particulier et emblématique de son prédécesseur !

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Batwoman T3. Par J.H. Williams III, W. Haden Blackman & Trevor McCarthy. Traduction Thomas Davier. Urban Comics, collection "DC Renaissance". Sortie le 4 juillet 2014. 152 pages. 15,00 euros.

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- Lire la chronique de Batwoman Elegie
- Lire la chronique du tome 1 de la série

[1Les épisodes contenus dans Batwoman T3 : L’Élite de ce monde sont :
- Batwoman #12-17 (août 2012 à février 2013)

[2J. H. Williams III et W. Haden Blackman ont quitté la série en septembre dernier, au numéro vingt-quatre, suite à un différent artistique avec leur éditeur.

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