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Beatifica Blues : intégrale - par Dufaux et Griffo – Glénat

Par Charles-Louis Detournay le 14 janvier 2007                      Lien  
Enrichie de 16 pages, voici la seconde version d’une intégrale incontournable pour ceux qui se seraient arrêtés aux albums. Mad Max sur fond de pollution planétaire, cette prophétie prend, 20 ans plus tard, un sens horriblement réaliste.

Rescapée de la 3° guerre mondiale, ayant échappé à l’holocauste nucléaire, la Terre souffre de la pollution et de ses effets ravageurs. Sans l’absorption quotidienne d’une tablette de Beatifica, personne ne peut résister aux émanations mortelles de l’air ambiant. Si le Consortium, société détenant le monopole de ce produit, avait bien calculé la dépendance qu’il entraîne, c’était sans compter sur l’effet hallucinogène des fortes doses. Le marché parallèle s’étend, avec ses travers. Un ancien chimiste a les moyens de briser l’effet dévastateur de cette panacée devenue drogue. Avec sa famille, il entreprend un voyage qui doit guérir la planète, mais aussi saper les fondements d’une société inique. Sur leur route se dresseront des pillards et rapaces en tous genres, ainsi que les droïds du consortium, dont l’humanité n’est qu’apparente.

Il y a plus de 20 ans, Griffo et Dufaux entamait leur carrière et leur collaboration avec cette série [1]. Comportant cinq volumes à la base , Dargaud l’avait arrêtée au bout du troisième. Reprise en intégrale par Glénat, les auteurs y avaient ajouté 33 pages. Cette conclusion, qui raccourcissait les deux derniers tomes prévus, apportait une cohérence bienvenue, tout en permettant à leurs personnages d’intégrer leur future série bâtie sur le même monde : Samba Bugatti.

Beatifica Blues : intégrale - par Dufaux et Griffo – Glénat

Cette seconde version de l’intégrale est complétée un épilogue en 16 planches relatant le futur des enfants, et l’adaptation de la race humaine pour vivre sans le Beatifica. Les détenteurs de la première intégrale ne trouveront que peu d’intérêt dans cet épisode inédit. En effet, tout en restant homogène au reste du récit, ce bonus ne livre pas de clé particulière, la conclusion précédente de 33 planches se suffisant à elle-même. Toutefois, les fans, et ceux qui seraient passé à côté de Beatifica Blues, se plongeront avec beaucoup de plaisir dans cet univers tendance Mad Max. Sans être un monument du 9° art [2], on y retrouve les caractéristiques désormais classiques des scénarios de Dufaux : omniprésence de la musique et de la littérature, rêves angoissants, univers glauque et dépravation humaine. Si Griffo s’est laissé inspirer par Bilal, il a su trouver les décors et surtout les personnages pour incarner l’ambiance pop-rock de cet opéra du futur. Dommage que la nouvelle couverture corresponde si peu au contenu.

Dans un monde où les sociétés pharmaceutiques augmentent de plus en plus leur emprise, et où la pollution humaine n’a jamais autant fait la démonstration de son étendue, Beatifica Blues gagne malheureusement en réalité, ce que les années auraient pu lui enlever en crédibilité. Si on ne peut parfois s’empêcher de sourire devant certains raccourcis scénaristiques, ou face aux dessins, parfois naïfs, des premières planches, on se laisse facilement entraîner par ce road-movie SF.

(par Charles-Louis Detournay)

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Griffo nous livrait dernièrement ses pensées lors d’une interview

[1On leur doit entre autres Samba Bugatti, et Giacomo C, aux éditions Glénat

[2Dans l’introduction de la première intégrale, Dufaux demandait l’indulgence du lecteur pour certaines faiblesses de la série, inhérentes à leurs premiers travaux

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