Ils sont exemplaires en effet, ces tomes 20 et 21 de Beelzebub, en termes de changement d’ambiance, de tonalité et de registre, mais aussi de diversité des enjeux, des cadres posés et du traitement des personnages.
Tandis que le tome 20 finit de présenter l’improbable métamorphose du loser Furuichi en dieu de la baston, grâce aux mouchoirs offerts par le Diable souverain, le tome 21 se lance dans un grotesque tournoi de noël visant l’élection du meilleur couple du lycée à travers une série d’épreuves toutes plus atterrantes les unes que les autres.
Alors que d’un côté l’ascension de l’anti-héros culmine dans un splendide combat face à son meilleur ami, Oga, le héros de notre histoire, de l’autre, les couples d’Ishiyama s’affrontent à coups de bisous indirects, de mimes manqués et de concours de cuisine.
La terrible et sadique Hilda étant redevenue à cette occasion, pour un temps seulement, celui de la magie de noël peut-être , une attendrie et maternante amnésique.
Ryuhei Tamura nous confiait posséder un tempérament lui dictant de changer sans cesse de sujet, éprouver ce besoin de passer brusquement, et complètement, à autre chose, afin de ne pas se lasser lui-même en espérant ne pas lasser son public. Ces deux grands épisodes narratifs de son manga en sont l’illustration éclatante.
Avec, malgré cette obsession des bifurcations, qui font l’identité du titre et l’art du mangaka : une passion pour le burlesque, sans cesse recherché et cultivé. La volonté débordante de produire des situations absurdes propices au rire, que l’on soit dans un moment sérieux, typiquement nekketsu, de duel au sommet, ou bien dans la pure comédie inspirée par le cadre lycéen, c’est bien à cela que l’on reconnaît Beelzebub.
Assez jubilatoires sous ses différents aspects, susceptibles de contenter aussi bien les amateurs de combats échevelés faisant appel à des super-pouvoirs que les fans de gag manga soigneusement traduits – et merci au précieux travail de Thibaud Desbief sur le titre – ces deux volumes nous rappellent à quel point il faut profiter du talent de Ryuhei Tamura, la fin de la série approchant désormais à grand pas.
(par Aurélien Pigeat)
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Beelzebub T20 & T21. Par Ryuhei Tamura. Traduction Thibaud Desbief. Kazé, collection "Shonen". Sorties les 4 juin et 20 aout 2014. 192 pages. 6,79 euros.
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