Dans la veine des — nombreuses — bandes dessinées traitant le sujet , on assiste ici à toute l’horreur de la guerre, sombre et violente à l’image du Comédien. La narration tient en haleine le lecteur en fragmentant les "épopées" de ce personnage dans la campagne vietnamienne, alors que l’on suit le retour en ville du-dit héros, ses frasques sont ponctuées des réminiscences d’une sortie qui a mal tourné.
Tout le volume s’axe autour de cette escalade de violence déraisonnée, seulement justifiée par le cri du cœur du comédien : " - Je suis un patriote". Une manière de résumer le discours du gouvernement américain.
Brian Azzarello se préoccupe bien peu de marquer sa parenté avec le Watchmen de Moore & Gibbons pour mieux se centrer sur son histoire et, par la même occasion, sur ses personnages. Il évite ainsi l’écueil de la référence appuyée, par le biais des scènes mainte fois répétées sous l’angle d’un gardien différent — que nous ont offerts les autres spin-off —, pour mieux jouer des allusions au matériau de base.
Loin d’être une simple préquelle, on a bien affaire à une histoire annexe et fournie, évoluant en marge, qui permet réellement de creuser le personnage du Comédien, assez peu présent dans Watchmen. Le volume n’en est que plus abordable pour les néophytes, tout en ménageant les fans de la première heure.
De plus, l’histoire propose un regard intéressant sur le contexte géopolitique de l’époque. Mise en regard qui était déjà un des éléments important du Watchmen d’origine. Fort de son indépendance, le récit se permet en plus de faire écho à l’œuvre originale en abordant à son tour le thème du sacrifice.
Bien que ce Before Watchmen soit celui qui reprend le moins d’éléments narratifs de Watchmen, il n’en est pas moins le plus proche au niveau de l’esprit et du ton de l’œuvre, en cherchant à se placer dans le contexte politique de l’époque et en évitant tout manichéisme.
(par Vladislav JEDRECY)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.