Une première chose frappe en ouvrant le tome : c’est l’aspect très léché du dessin et de la mise en page, des cases circulaires et carrées construites en symétrie, symboles de la perfection de l’individu qu’elles encadrent, toutes en contre plongée pour mieux en souligner la grandeur. Est-ce là le symbole de la mécanique de son intellect efficace et implacable ? Le dessin joue aussi de la finesse de son trait et la mise en scène n’est pas moins lumineuse...
Tout cela correspond bien à l’idée que l’on peut avoir d’Ozymadias, ou qu’il peut avoir de lui même : n’oublions pas en effet qu’il s’agit ici d’une autobiographie. C’est ce point de vue, nécessairement biaisé, qui permet de montrer un personnage grandiloquent à l’intelligence qui se voudrait absolue, mais qui cache mal son complexe d’infériorité. Bien mieux que dans Watchmen, on comprend que le plan d’Ozymandias n’est pas conçu uniquement pour le bien de l’humanité comme il le prétend.
Le récit suit une ligne directrice très simple et relate toute la vie d’Ozymandias, de son enfance aux événements de Watchmen -rendant ainsi la lecture abordable par tous -, ce qui lui confère de facto un aspect choral très plaisant. On ne s’attarde en effet jamais trop longtemps sur un événement précis, ce qui rend la lecture très fluide et agréable.
L’ambiance est elle aussi au rendez-vous et suit les canons d’Alan Moore, avec son atmosphère sombre et un je-ne-sais-quoi de désabusé dans la narration : n’oublions pas que c’est Ozymandias qui fait office de narrateur. On retrouve là un peu de ce qui donnait à Watchmen son charme, cette douce effluve de fin du monde piquée de désespoir.
Vous l’aurez compris, Before Watchmen Ozymandias est une préquelle qui plaira aux fans comme aux néophytes en raison de sa narration et son dessin soignés, DC marque un point.
(par Vladislav JEDRECY)
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