Parmi les maladies graves traumatisantes, le cancer du sein s’impose dans la douleur la plus profonde. Celle qui doit, dans cet album, perdre un sein pour survivre, va subir un effet bilatéral, avec l’éloignement embarrassé, voire honteux, de son compagnon. Pour la jeune femme convalescente, le hasard des rencontres va entraîner une belle surprise : la découverte d’un milieu ou sa différence récente peut devenir ... une attraction.
Vaste récit muet, à la manière d’un film avec inter-titres, Betty Boob raconte la maladie et son lot de deuils successifs avec une fantaisie rayonnante. On y trouve le charme romanesque d’un Océan d’amour, mais aussi, contexte du cirque oblige, un peu de Freaks de Browning, voire de Cristal qui songe [1]. La libération que vit Betty s’accompagne aussi d’une revanche, doublée d’une morale à l’ironie mordante qui, en quelque sorte, boucle la boucle des rejets humiliants qui l’ont portée au bord du gouffre.
Par la force de pages constamment inventives, les autrices parviennent à illustrer le scénario sans une grande palette de couleurs, car avant tout centrées sur les émotions de Betty, et ce nouveau monde qui la bouscule avant de lui faire une place. Et au-delà de l’efficacité formelle, un des grands mérites de cet album réside dans sa capacité à amener un public masculin à accorder une attention définitive à ce cancer sans équivalent.
(par David TAUGIS)
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