Être amoureux d’une fille qui a vécu il y a des milliers d’années, est-ce bien raisonnable ? Même ses meilleurs camarades sont exaspérés par cette folie. C’est que Biankha est vraiment envoûtante. Grâce à l’imagination d’Eamon, ou par son entremise ?, on découvre cette princesse égyptienne qui dialogue d’égale à égal avec les Dieux d’Égypte. Elle est la fille d’Akhenaton le monothéiste et de Néfertiti, la plus belle femme de son temps... Elle n’a pas froid aux yeux, qu’elle a jolis, d’ailleurs, et sait se faire respecter par les blancs-becs arrogants, comme ce Scythe au charme certain, curieusement dénommé Armée, car à lui seul, il fait le boulot d’une centurie. Mais le royaume d’Aton vient à s’écrouler et la jeune princesse doit fuir son royaume. Armée vient bien à point pour la défendre...
On sent que Pat Mills, qui a des états de service, est dans la même veine que le Alan Moore de Promethea : basée sur une documentation solide, les aventures de Biankha mixent la plupart des mythes anciens de l’Égypte, de l’Orient et de la Grèce. Freud n’a pas été le premier à mettre en évidence les sources égyptiennes des monothéismes juif et chrétien [1]. Mills joue de cela à merveille pour déployer une galerie de personnages fantastiques : les chutistes télépathes, les dracos reptiliens, les grobari mi-hommes, mi cochons, l’androgyne Thouéris, les hommes de mer, des bestioles fantastiques qui tuent aux cris de « liberté, paix, vérité ! »... Le dessin de Cinzia de Felice est séduisant comme une publicité sur du papier glacé. L’humour au second degré des dialogues vient heureusement corriger cette immanquable impression de froideur [2].
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Freud, Moïse et le monothéisme (1939).
[2] La traduction est signée par François Peneaud, bien connu de nos lecteurs.