C’était du temps où les Afro-Américains ne pouvaient pas jouer dans les mêmes équipes sportives que les Blancs. Les lois Jim Crow, promulguées dans les municipalités ou les états du sud des États-Unis d’Amérique entre 1876 et 1965, instauraient l’un des fléaux de ce pays : la ségrégation raciale. C’est dans ce contexte que Satchel Paige fait son apparition dans les années 1920. Il mesure 1m92 pour 68 kg et devient en quelques décennies, un compétiteur d’exception puisqu’il joua, en tant que professionnel, jusqu’au milieu des années 1960.
Mais attention, James Sturm et Rich Tommaso ne se limitent pas dans ce roman graphique à raconter la success story sportive d’un homme que le baseball rendit célèbre aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs.
S’il est utile de connaître quelques règles du baseball pour saisir quelques subtilités narratives, ce n’est pas pour autant indispensable pour apprécier Black Star. La qualité narrative et graphique suffit à vous happer dans ce récit où, finalement, l’analyse ethnique et sociale des États-Unis prend l’ascendant. Satchel Paige incarne une révolte pacifique qui se moque de la prétendue supériorité de la race blanche. Il montre aussi que le sport peut devenir un formidable outil de promotion sociale.
Pour rappel, James Sturm, directeur du Center for Cartoon Studies, la nouvelle école américaine de bande dessinée, fut l’un des assistants d’Art Spiegelman à l’époque de la revue Raw. Il est aussi l’auteur du Swing du golem, récit qui prenait déjà comme point de départ l’aventure d’une équipe de baseball, constituée par des juifs dans les années 20. Cet album a remporté en 2008 le Eisner Award de la meilleure bande dessinée réaliste.
(par Laurent Boileau)
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