Polza Mancini rédigeait des livres gastronomiques. Pour quelles raisons se retrouve-t-il aujourd’hui en garde-à-vue ? Dans l’immédiat, nous ne le saurons pas. Il est question d’une Carole, suffisamment amochée pour être hospitalisée, mais sans autre précision. Ce Polza, épais comme un roc, blanc comme un cierge de Pâques, est attablé face aux flics.
Lentement, parce que désormais il souhaite prendre son temps, il va décrire sa vie dans le détail. D’abord son poids, cette grasse carcasse (qui donne son titre à l’album) qui cache son mal être, son deuil jamais réellement achevé d’un père communiste et son exact opposé physique. Ensuite, sa vie en rupture, avec Sylvie, puis la société. Ensuite le Blast, cet éclair en état second, ce moment d’égarement, un moment où, malgré son corps d’obèse, Polza se sent léger et libre. Le Blast où il s’imagine lévitant à Rapa Nui, l’île de Pâques, face aux statues. Où commence la réalité, où s’arrête son imagination ? Face aux questions des policiers, Mancini reste le maître de la conversation, et de son récit fluide d’une vie tourmentée.
Exceptionnel album, Blast est un portrait contrasté d’un personnage plein de complexes et de blessures. Pour rendre la tension de cette histoire, les clairs obscurs de Manu Larcenet sont magnifiques. Au fil des années, il s’est révélé être un auteur au parcours singulier qui tente, doute, explore différentes voies, et parfois touche au sublime. C’est le cas avec ce premier volume de Blast. Rares sont les bandes dessinées qui vous retournent les sentiments à ce point.
(par Morgan Di Salvia)
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