Diaz, vous avez repris le graphisme de la série Robin Dubois en 2007, près de dix ans après le dernier album signé par Turk.
Diaz : Cette reprise est née suite à ma relation avec Ludo Borecki qui devenait de plus en plus amicale. Nous nous sommes connus au Studio Peyo. Nous y passons beaucoup de temps ensemble à dessiner des Schtroumpfs. L’idée de faire quelque chose ensemble, après nos heures de travail, nous taraudait ! J’ai très vite pensé à Robin Dubois. J’adorais cette série lorsque j’étais enfant. Après avoir réalisé une planche test, nous nous sommes rendus chez Bob De Groot pour la lui montrer. Nous ne savions pas que cette série était à ce moment là au point mort. Après avoir vu cette planche, il a tout de suite sorti le champagne ! Mais c’était, sans doute, parce qu’il avait très soif (Rires). Il restait à convaincre Turk que nous étions l’équipe idéale…
Pourquoi avoir opté pour une reprise. Vous deviez déjà respecter des codes graphiques astreignants en dessinant les Schtroumpfs ?
D : Mais parce que j’avais beaucoup d’affinités pour Robin Dubois. Je n’aurais pas pu reprendre une série pour laquelle je n’avais pas de sympathie. J’étais prêt à m’intégrer dans un univers existant. Ce n’est pas donné à tout le monde de créer une série novatrice. Travailler sur un univers qui existe déjà est beaucoup plus confortable. … Mais aussi parfois difficile !
Vous ne souffrez pas d’un manque de reconnaissance, de ne pas être à l’avant-plan ?
D : Non. Le Studio Peyo agit avec beaucoup d’élégance. Nos noms sont mentionnés dans les albums. Il en va de même pour Robin Dubois, mis à part que celui-ci est mis sur la couverture. En fait, j’ai été, pendant de nombreuses années, éducateur. La BD est un hobby, qui s’est transformé en une profession. Je suis heureux de pouvoir l’exercer pleinement aujourd’hui.
De Groot : L’important est de faire ce que l’on aime, avant tout …
Bob de Groot, qu’est-ce que vous appréciez dans cette planche d’essai ?
DG : La filiation avec Peyo et Franquin. Ils étaient parfaits pour dessiner Robin Dubois car ils respectaient l’univers de cette série…
D : Nous n’avons pas notre propre style. Nous nous adaptons à celui des autres pour servir des histoires, tout en se faisant plaisir. Si j’avais continué à être lecteur de Robin Dubois, sans en être l’auteur, j’aurais été très critique par rapport à une reprise de la série. Ludo et moi-même le sommes donc tout autant, voire plus, par rapport à notre travail…
Bob de Groot, on assiste actuellement à votre renaissance. Pendant longtemps, vous n’étiez que le scénariste de Léonard…
DG : Oui. Je me suis secoué. Je réalise une série avec Bercovici (Père Noël & Fils) et une autre avec Godi (Le Bar des acariens) aux éditions Glénat. J’ai quand même réalisé quelques Lucky Luke pour Morris, entre des Léonard et des Robin Dubois. Aujourd’hui, j’ai retrouvé une envie de raconter des histoires. Un désir proche de celui que j’avais à vingt ans. Mis à part que j’ai l’expérience en plus ! Ce plaisir rejaillit sur mon travail. Je suis aujourd’hui heureux de retrouver Léonard après m’être séparé de lui pendant quelques mois pour me consacrer à mes autres séries…
J’ai d’autres projets humoristiques et réalistes que je compte bien signer un jour.
Bob de Groot, vous étiez l’assistant de Michel Greg. Y a-t-il d’autres personnes qui ont compté plus particulièrement à vos yeux dans ce métier ?
DG : Maurice Tillieux ! J’ai travaillé avec lui pendant quelques mois sur Félix. Je devais rajouter deux centimètres de décors de chaque côté d’anciennes planches afin que celles-ci correspondent au format imposé par un éditeur. C’était un homme amusant, passionnant et un prodigieux conteur.
Hugo Pratt également ! Les Vénitiens ont un humour très fin, très subtil. Je me souviens des théories abracadabrantes qu’il inventait et racontait à ses amis pour les amuser. Il y mettait tellement de passion que nous doutions à certains moments… Ses propos semblaient tellement vrais !
Et puis Greg, bien entendu. Je l’ai beaucoup admiré. Cet homme a déniché beaucoup d’auteurs talentueux. Même s’il s’est peut-être trompé avec moi (Rires). Il ne laissait rien passer, ni coquille, ni erreur. Le mot « retard » n’existait pas pour lui. On travaillait parfois deux jours d’affilée, sans dormir, pour rattraper le retard. En travaillant avec lui, j’ai appris le sens de la rigueur !
Diaz, comment s’est déroulée votre formation au studio Peyo ?
D : Parmi les dessinateurs qui y travaillent, nous sommes les deux seuls, Ludo Borecki et moi-même, à ne pas avoir connu Peyo. Nous avons été formés par Alain Maury, Pascal Garray et De Coninck. Quand on les entend parler de l’univers des Schtroumpfs ou d’une technique graphique, on a presque l’impression que c’est Peyo qui partage avec nous ses secrets. Nous avons tous un profond respect pour son œuvre. Alain Maury, qui s’est éloigné du studio pour reprendre les 4 As, est devenu un ami. Je l’admire beaucoup...
(par Nicolas Anspach)
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Commander Le T21 de Robin Dubois sur Internet
Photos (c) Nicolas Anspach
Illustrations (c) De Groot, Diaz, Borecki, Turk et Le Lombard.
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