C’est la malédiction de la série de genre : elle éclipse souvent le talent de son créateur. Déjà, nous parlions de Jean Roba, le créateur de Boule & Bill, comme d’un « géant invisible ». Cette malédiction pèse aussi, et davantage encore, sur son successeur Laurent Verron.
Déjà, il y a vingt ans, quand il dessinait Le Maltais, sur un scénario de Loup Durand, le nègre de Paul-Loup Sulitzer, aux éditions Claude Lefrancq –une série excellente qui mériterait d’être réactivée- nous étions bluffé par la puissance de son trait, le génie de la caractérisation de ses personnages.
Le scénariste Yann, qui a l’œil américain, n’a pas tardé à mettre le grappin dessus, ce qui nous a valu sept volumes du réjouissant Odilon Verjus (Le Lombard). En feuilletant ces pages, nous nous disons que nous avons affaire ici à un graphiste de la trempe d’Uderzo !
Mais l’ancien assistant de Jean Roba ne pouvait se dérober à l’appel de son ancien mentor pour reprendre Boule & Bill. D’abord parce que son succès ne se dément pas : près de 200.000 exemplaires de tirage à la nouveauté, cela vous assoit un dessinateur. Ensuite parce que, sincèrement, Verron trouve du plaisir à dessiner ces personnages. Cela se voit, cela se sent.
De plus, notre dessinateur a su s’entourer de gagmen de talent comme Cric, Pierre Veys ou Diego Aranega. Cela donne un album excellent mais qui nous fait regretter un auteur dont la reconnaissance est aujourd’hui en puissance, mais pas encore en acte.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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