Zita est espiègle, pleine de malice. De petite taille, elle se distingue par sa « boule à zéro ». Si la fillette a le crâne rasé ce n’est pas pour faire mode ou se donner un genre. À l’hôpital Le Goff, Zita fait partie de tous ces enfants malades dont l’horizon se limite aux quatre coins d’une chambre stérile et dont les compagnons de jeux se réduisent à une infirmière compréhensive ou un nouveau venu dans ce service de maladie infantile.
Si les nombreuses séances de chimiothérapie ont eu raison de la chevelure de la fillette (vraisemblablement atteinte d’une forme de leucémie), cela n’a nullement entamé sa bonne humeur, ni son goût du jeu ou des bêtises. C’est pourquoi celle qui fait figure de mascotte du sixième étage de l’hôpital a entrepris de fêter son anniversaire avec ses compagnons d’infortune.
Ils seront tous les bienvenus y compris sa mère… Dont la fillette n’a pourtant plus de nouvelle depuis un bon moment.
Scénariste prolifique et régulier du journal de Spirou, Zidrou est surtout connu pour sa série L’Élève Ducobu ( le Lombard) adaptée récemment au cinéma mais aussi grâce aux Crannibales, Tamara ou Sac à Puces chez Dupuis. Avec cette nouveauté, il révèle une nouvelle facette de son talent, mêlant humour et tendresse. Un talent particulièrement bien servi par le graphisme sobre mais efficace de son compère Ernst.
Au terme de ses études à l’Institut Saint-Luc de Liège, le dessinateur a commencé sa carrière en publiant les gags Clin d’oeil dans le journal Tintin, repris ensuite en albums au Lombard. William Lapoire, les Cases de l’oncle Ernst ou les Zappeurs (pour le journal de Spirou) sont quelques-unes de ses séries les plus connues. Boule à Zéro marque son arrivée chez l’éditeur de Charnay-lès-Macon.
En s’emparant d’un sujet souvent saturé par un style larmoyant et une avalanche de bons sentiments Ernst et Zidrou n’ont à l’évidence pas choisi la facilité ! Mais la fraicheur et l’authenticité de leur propos coupent l’herbe sous le pied d’une critique ironique ou facile.
Loin d’un discours moralisateur et convenu, les auteurs privilégient un humour bon enfant sans toutefois s’interdire quelques avancées vers la provocation. En restituant l’univers de Zita à travers une savoureuse galerie de portraits (malades, infirmiers, médecins, visiteurs…) cet album apporte une modeste contribution (mais une contribution quand même) à ce qui peut changer notre regard sur la maladie dans ce qu’elle a de plus injuste.
Au fil des pages, l’émotion est parfois là où on ne l’attend pas comme par exemple quand la mère de Zita semble hésiter sur le point de rendre ou non visite à sa petite fille malade. Provocation, fiction… ? Véritable émotion dans cette séquence qui exclut tout jugement et tout discours misérabiliste.
Ce n’est pas le moindre mérite de cet album à disposer en bonne place dans toutes les salles d’attente !
(par Patrice Gentilhomme)
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