Smith continue son voyage vers Ankara à travers les grandes plaines de l’Asie centrale. Au cœur du XIXe siècle, le jeune Occidental se retrouve confronté à des mondes oubliés où le partage et la solidarité sont des clés de la survie dans un univers impitoyable pour la femme comme pour l’homme.
La rencontre d’une jeune et jolie fille des steppes va bouleverser son périple. Cette échappée au fil de la route de la soie nous immerge dans des contrées peu connues du lecteur occidental ou japonais.
En cultivant une approche faite des petits riens du quotidien avec une justesse et un souci rare du détail, la mangaka nous offre une fresque épique relatant une civilisation et ses coutumes disparues. Le ton juste et la qualité graphique font de ce manga un véritable plaisir de lecture. Le rythme contemplatif s’adapte parfaitement à la langueur de ces vastes étendues et au caractère rude des hommes qui la peuplent.
L’auteur de Emma nous fabrique un récit ethnographique dans la lignée des écrivains-voyageurs partis sur les routes à la découverte de régions n’existant pas sur la carte. On pense immanquablement à Lawrence d’Arabie en lisant les périples de ce jeune Anglais. Dans ce portrait de le culture de l’Asie centrale, l’auteur soigne ses séquences et ne cherche pas à dicter ses vues mais donne à comprendre sans l’imposer les effets perturbants de la mission moralisatrice de l’Occidental démocrate. L’intelligence d’un récit posé et évoluant calmement amène à faire connaissance avec l’histoire de l’Autre sans arrière-pensée, partageant un moment et découvrir des mœurs et des paysages inexplorés.
La splendeur du graphisme dans la restitution des costumes et des décors, minutieux et lumineux, d’espaces vastes et aérés ajoutent à l’émerveillement. Les personnages, nuancés dans leur expression et leur comportement, sont touchants par leur évolution même. Celui du chercheur-narrateur en particulier relate la position de l’auteur dont on sent des recherches approfondies sur les coutumes de l’époque. Il est intéressé et respectueux en dépit de quelques incompréhensions.
Cette nouvelle série de Kaoru Mori est une réussite. Le premier tome a d’ailleurs été sélectionné pour les Prix d’Angoulême.
(par Vincent GAUTHIER)
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