Non pas une énième autobiographie en BD, type Joe Matt ou Chester Brown, mais un focus sur l’année de terminale, dans le Brooklyn de 1970.
J.M. DeMatteis, connu aux USA pour scénariser diverses séries de super héros, a voulu présenter ce moment particulier de sa vie ou il a réussi à trouver une voie, une façon d’échapper à son dégoût de soi.
Paru en 1994, Brooklyn Dreams bénéficie à présent d’une traduction française, assez remarquable d’ailleurs, de Sidonie Van den Dries.
Épaulé au dessin par Glenn Barr, l’auteur évoque sa famille, avec une mère juive et un père d’origine italienne, ses rares amitiés et surtout, ses émotions négatives et ses tendances auto-destructrices. Le graphisme totalement libéré de Barr s’adapte aux divers épisodes en passant d’un style à l’autre : réalisme, trait nerveux, gros plans à l’aquarelle...
Le résultat est impressionnant : un maelström d’émotions, de cris de rage, de malaise adolescent, doublé d’un regard violemment critique sur la famille et plus nuancé sur l’école.
DeMatteis se met en scène régulièrement, apparaissant en commentateur de sa propre histoire. Le lecteur assiste en direct à une véritable analyse par comic book interposé.
Si la précision de ses souvenirs d’ado donne un punch saisissant à l’album, la profusion de commentaires et une forme d’auto-complaisance de l’auteur, s’étalant longuement sur ses sentiments intimes, rend parfois la lecture difficile. Un dessinateur comme Craig Thompson, avec son indispensable Blankets, avait beaucoup mieux géré la pagination volumineuse de son roman graphique.
Le témoignage de JM DeMatteis offre tout de même un aspect inédit : l’évocation de la vie d’une famille mixte (des cultures très différentes entre Juifs et Italo-américains) dans le Brooklyn de 1970.
(par David TAUGIS)
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