Bruno Mercks, vous êtes coordinateur général au Service général des Lettres et du Livre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une des trois communautés fédérées de la Belgique. Pourriez-vous nous présenter et expliquer cette opération autour de la BD produite sur le territoire francophone belge ?
Bruno Merckx : La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) mène depuis 2007 une politique structurée de soutien à la BD. Concrètement, lorsque des auteurs ont un projet original et novateur en BD, et qu’ils résident soit à Bruxelles, soit en Wallonie, ils peuvent nous introduire un dossier pour obtenir notre soutien dans la création de leur projet. Ceux-ci sont évalués par une commission qui, si elle valide le projet, octroie alors une bourse de 3 500 euros, si ce sont des jeunes auteurs, ainsi que des aides au projets. Si ce sont des auteurs confirmés, ceux-ci obtiennent une bourse de 9 000 euros.
À côté de cette politique d’aide aux auteurs, nous soutenons aussi les éditeurs indépendants tels que Frémok, la 5c ou encore Spéculoos, qui nous introduisent des dossiers d’aide à l’édition. Là, également, la commission, qui est une instance indépendante, émet un avis. Si celui-ci est positif, la ministre de la culture de la FWB, Madame Fadila Laanan, soutient alors le projet éditorial, en allouant des subsides d’un montant maximum de 50% du budget total des dépenses de l’éditeur qui sollicite notre intervention. Cela fait cinq ans que cette opération fonctionne et nous pouvons donc faire un premier bilan de cette aide à la création en BD. Raison pour laquelle nous avons publié un répertoire des auteurs publiés en Belgique.
Quel est ce bilan ?
De notre point de vue, il est positif. La plupart des auteurs qui ont bénéficié de notre aide ont pu publier leurs albums. C’est une satisfaction pour nous car nous participons ainsi à la diversité de création BD en Belgique francophone. Je rappelle que certains de ces projets soutenus sont un peu plus difficiles d’accès au grand public et que, sans une aide de tiers, ils n’auraient peut être pas pu voir le jour ! Nous aidons aussi à leur visibilité car, sans cela, certains auteurs seraient perdu dans la masse des albums qui sortent chaque année.
Comment aidez-vous à la visibilité des œuvres des auteurs subsidiés ?
Nous venons d’ouvrir un site Internet dans lequel nous proposons la biographie de chaque auteur soutenu, ainsi que des présentations de leurs productions. Nous sommes aussi présents dans des évènements tels que la Foire du Livre de Bruxelles. Enfin, nous menons des opérations de sensibilisation auprès des bibliothèques publiques afin de valoriser nos auteurs subsidiés. Cela permet aux lecteurs d’avoir un point de chute qui va au-delà des librairies. Nous sommes attentifs à ce que ces livres soient présents dans les commerces, en particulier dans les librairies labellisées "Promotion des lettres" mais aussi dans les bibliothèques publiques.
Chaque lecteur potentiel qui pourrait être intéressé par tel ouvrage ou tel auteur que nous avons soutenu pourra le retrouver aisément en se rendant dans la bibliothèque de son quartier. Par exemple, la bibliothèque de la commune de Lasne a développé l’année dernière un projet autour de ce type de BD grâce à l’exposition Regard sur la bande dessinée alternative en Belgique francophone.
Ces dernières années, plusieurs projets numériques tels que le magazine Professeur Cyclope ou le collectif Les Autres Gens se sont développés sur Internet. Soutenez-vous aussi ce type d’initiative, également ?
Nous sommes attentifs à soutenir des projets qui permettent l’épanouissement de bandes dessinées, même dans leur volet numérique. Par exemple, nous aimons beaucoup le portail Grand Papier de l’Employé du Moi, qui a ponctuellement bénéficié d’un soutien au développement de notre part. Ce sont des initiatives intéressantes qui permettent à des auteurs de pouvoir faire partager leur travail par la voie numérique, sans passer par une publication traditionnelle. Certains éditeurs commencent aussi à investiguer dans ce domaine-là.
Que ce soit sur papier ou sur Internet, nous sommes sensibles à la création BD dans son ensemble. Ce n’est pas tant le support qui compte mais la qualité de cette création et le regard neuf de l’auteur sur ce médium qu’est la bande dessinée.
Récemment, le quotidien Le Soir, la Fondation Raymond Leblanc et le Prix Diagonale se sont associés pour booster cette dernière récompense afin de proposer un Grand Prix belge majeur qui rayonnerait, espèrent-ils, au niveau national et international. Que pensez-vous de cette initiative ?
Effectivement, avec la multiplication des prix, le paysage est un peu brouillé. C’est pour cela qu’au niveau de la FWB, il n’y a pas de Grand Prix de la bande dessinée. Par contre, nous portons une attention particulière à certains auteurs, que nous soutenons en leur octroyant une bourse de c“ongé sabbatique” d’une valeur de 25 000 euros afin qu’ils puissent se consacrer pleinement à un projet personnel. Que d’autres opérateurs décident de valoriser la BD en donnant des prix, tel que c’est le cas avec Diagonale, est une initiative tout à fait honorable et nous suivons cela avec beaucoup d’attention et de bienveillance. Pour autant, la FWB préfère rester sur son créneau et soutenir les projets BD, dans la mesure des budgets disponibles...
(par Christian MISSIA DIO)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Le site bande dessinée de la FWB
Fédération Wallonie-Bruxelles AG Culture
Service général des Lettres et du Livre
Commission d’aide à la bande dessinée
Bd Léopold II 44 1A025
B-1080 Bruxelles
commissionbd@cfwb.be