Albums

Buck Danny, l’Intégrale T.8 - Par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon - Ed. Dupuis

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 mars 2013                      Lien  
Voici le huitième volume de l'Intégrale de Buck Danny, le mythique aviateur du journal de Spirou. Nous sommes entre 1960 et 1962, la Guerre du Viet-Nam est commencée. Pendant ce temps-là, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon surproduisent gaiement!

Que les jeunes pousses en prennent de la graine ! Voici l’exemple d’un duo d’artistes, un scénariste à succès : Jean-Michel Charlier, un dessinateur comptabilisant littéralement un grand nombre d’heures de vol qui rament depuis près de quinze ans et dont la réputation est solidement établie, qui n’ont qu’une idée en tête en ce début des années 1960 : produire, produire, produire...

Dans le romantisme nostalgique d’un "âge d’or" de la bande dessinée, on oublie parfois le rythme de galérien qui était celui des auteurs de BD. Ils ont la quarantaine, ils ont bouffé de la vache enragée dans leur jeunesse et là, ils sont dans une phase ascensionnelle qui fera d’eux les rois de la BD.

Mais en attendant, on s’attelle à ses rames : vingt planches par mois pour un Uderzo ou pour un Hubinon (qui cumule Buck Danny avec Le Démon des Caraïbes pour Pilote), sans doute quatre fois plus pour un Jean-Michel Charlier. Pour une simple raison : le métier payait mal. Il fallait bien produire pour gagner sa vie.

Le simple examen de l’introduction savante que Patrick Gaumer nous livre dans ce huitième tome des aventures de Buck Danny donne le tournis : Charlier ne se contente pas d’être la plume de l’aviateur américain et de leurs homologues français Tanguy & Laverdure dessinés par Uderzo. Il est aussi rédacteur en chef de Pilote aux côtés de Goscinny, appelé au secours par un Georges Dargaud aux abois, lequel avait pensé un temps faire un Salut les copains pré-ado. Mais les ados, pas cons ont préféré l’original...

Buck Danny, l'Intégrale T.8 - Par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon - Ed. Dupuis
Evidemment, la maléfique Lady X est au rendez-vous.
(c) Dupuis

Le duo de scénaristes (complété par un "directeur artistique", Albert Uderzo, qui n’occupera jamais la fonction) fait un virage à 180° vers la BD. Et bien évidemment, ces serial-writers sont au clavier.

Du côté Charlier, cela donne Barbe Rouge, Jacques Le Gall, Allo ! D.M.A, Blueberry bientôt, des articles en pagaille pour Pilote, tandis que du côté de Spirou, il assure Buck Danny et Marc Dacier. Cela suffit ? Que nenni, il travaille aussi pour Record, pour Bonnes Soirées où scénarise des romans-photos...

Plein emploi, "Trente Glorieuses", me direz-vous. Surtout une aptitude à travailler comme une brute pour s’imposer avec une hargne bien placée : dans le boulot.

On comprend mieux l’essence de ses scénarios qui sont des récits de batailles, de pilotage, de courage, entrecoupés de moments de déconnade. Dans ce volume qui regroupe quatre épisodes : Le retour des tigres volants, les Tigres volants à la rescousse, Tigres volants contre pirates et Opération Mercury, Jean-Michel Charlier envisage avec prescience la fin de la Guerre du Viet-Nam, tandis que la Némésis sexy de l’Américain, Lady X, continue à lui mettre des bâtons dans les roues.

Buck Danny est à l’image de cette génération exceptionnelle : menton volontaire et carré, idées simples voire simplistes, car il y a un monde à reconstruire. On est bien loin des atermoiements velléitaires qu’on lit parfois dans nos forums de nos jours...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Commander cet album chez Amazon ou à la FNAC

Dupuis
 
Participez à la discussion
9 Messages :
  • On est bien loin des atermoiements velléitaires qu’on lit parfois dans nos forums de nos jours...

    On veut bien les faire les 20 pages par mois, mais qui y-a-t-il pour les payer, les publier, les acheter, les lire ? Plus personne.

    Répondre à ce message

  • Chaque mois, je fais 5 pages de bd, scénario+dessin + couleur et un catalogue VPC de 40/44 pages aussi, de la créa aux docs d’impression, je pense que ça vaut largement ce qu’un Uderzo faisait en temps de travail. j’en tire pas d’honneur, aucune gloire,mais tout simplement je le fais. Tout ça, car comme du temps de ces glorieux ainés,la bd seule, payée au forfait ne me permet pas d’en vivre. Soit on multiplie les pages, soit on compense avec autre chose !
    Et nous sommes beaucoup, à ce que je vois, à pratiquer ce système.

    Répondre à ce message

  • Buck Danny, l’Intégrale T.8 - Par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon - Ed. Dupuis
    13 mars 2013 20:15, par un auteur anonyme qui n’a pas le courage de ses opinions.

    Ah, ah, ah ! Comment profiter d’une réédition de Buck Danny pour relancer un débat brûlant ? Bravo monsieur Pasamonick, vous êtes un expert ! Ceci-dit, je partage votre point de vue mis à part je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui des auteurs qui produiraient autant trouveraient un support de publication de toutes leurs œuvres.

    Répondre à ce message

  • sûr, c’était le bon temps.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Oncle Francois le 14 mars 2013 à  12:10 :

      C’était peut-être le bon temps pour des éditeurs de séries populaires de qualité,et pour des auteurs préts à bosser dix ou douze heures par jour, courbés sur leur table à dessin, et aussi pour de jeunes générations masculines en culottes courtes non sollicitées à l’époque par les écrans de taille et d’utilisations multiples (téléviseurs, ordis, tablette, etc). Mais il faut préciser que les auteurs en question n’en n’ont pas forcément retiré de leur vivant la compensation financière méritée, ni l’adulation du public et des medias. Et pourtant, la qualité et l’abondance du travail fourni sur les décennies cinquante et soixante force l’admiration bien après. C’est du lourd, du tangible, du tout public qui est devenu classique incontournable, en bref le contraire d’une BD pseudo-moderne d’hauteur au propos nombriliste, exigeant, artistique et soporifique, vous savez bien, celle qui se vend assez mal, mais dont les journalistes bobos branchés nous rabattent les oreilles....

      Répondre à ce message

      • Répondu le 14 mars 2013 à  14:53 :

        Encore une stupidité signée Pincemi. Les auteurs de Pilote, Spirou et Tintin ont très bien vu le succès croitre et les droits d’auteurs suivre, ils se sont logés de mieux en mieux, ont acheté de plus en plus belles voitures, porté de beaux vêtements et profités de l’adulation des lecteurs. C’était les 30 glorieuses aussi dans le monde de la BD.

        Répondre à ce message

        • Répondu par Alex le 15 mars 2013 à  02:13 :

          C’est facile et déplacé de dire que dans ses interventions sur le passé de la bd Pincemi émet des commentaires stupides. C’est en fait un romantique, quelqu’un qui idéalise (peut-être à raison) une période bien déterminée de l’histoire de la bd. Après il y a beaucoup de choses dans son discours qui peuvent être remises en question, mais si on pouvait éviter de s’insulter au moins sur un site consacré à la bd (?!!!) ce serait déjà un pas de bébé vers un mieux-vivre sur le net.

          Répondre à ce message

          • Répondu le 15 mars 2013 à  11:34 :

            C’est en fait un romantique, quelqu’un qui idéalise (peut-être à raison) une période bien déterminée de l’histoire de la bd.

            C’est tout l’inverse, il dit que les auteurs des années 50/60 n’ont pas "retiré de leur vivant la compensation financière méritée, ni l’adulation du public et des medias",rien n’est plus faux, il suffit de lire les biographies et de visionner sur le site de l’INA.

            Répondre à ce message

          • Répondu par Eric Lahmy le 29 décembre 2014 à  21:28 :

            Je veux bien croire que les auteurs de BD étaient mal payés lors de la publication dans le journal. Mais il y avait ensuite la mise en albums et là, ils étaient intéressés aux ventes et c’était le succès qui payait. J’imagine que Hergé, Jacobs, Uderzo, Goscinny, Morris, Franquin, Hubinon, Charlier, qui vendaient bien, gagnaient plus par exemple que Jijé, pourtant dessinateur sans rival mais qui n’était pas assez attentif au scénario, avec le résultat à l’arrivée : Jerry Spring, avec ses histoires presqu’indigentes, commercialement, pesait extraordinairement moins que Blueberry, par exemple, que Charlier scénarisait aux petits oignons !

            Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD