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C’est un oiseau - Par Steven T. Seagle et Teddy Kristiansen - Urban Comics

Par Aurélien Pigeat le 17 mars 2016                      Lien  
Un scénariste de comics se voit confier l'écriture du plus grand des super-héros. Mais problème, il ne sait absolument pas quoi raconter à son sujet. Et autre problème: son père a disparu. Où comment s'entremêlent les figures paternelle et super-héroïque pour façonner un comics d'un genre nouveau.

C’est un oiseau semble tout entier construit autour du principe de la quête, c’est-à-dire de l’errance, du tâtonnement, de l’expérimentation et du combat. Mais tout cela déplacé dans un monde intérieur, intime, celui des pensées et émois du héros d’une part, et celui de la mise en scène, narrative et graphique, d’autre part.

C'est un oiseau - Par Steven T. Seagle et Teddy Kristiansen - Urban Comics
Le drame familial prend racine dans le tabou d’une terrible maladie génétique, la chorée de Huntington
C’est un oiseau © DC comics

Ainsi, alors qu’on lui propose de reprendre Superman, Steve se prend à douter et refuse dans un premier temps. Que raconter de neuf sur l’Homme d’Acier ? Et surtout, quel intérêt à se saisir d’un personnage si absolu, si tout puissant ? Un personnage dont les super-pouvoirs lui permettent de tout régler, en un clin d’œil, d’un simple claquement de doigt. Et d’amorcer une réflexion sur la figure de Superman, entre recherche d’idées menée par le personnage, tentatives de mises en scène ponctuelles et échanges entre les différents protagonistes du volume.

Cette quête se trouve redoublée, voire retriplée, par deux autres : celle d’un père soudainement envolé, et dont il faut retrouver la trace, et celle, esthétique, devant retranscrire toute la diversité des états, d’esprit et d’âme, du narrateur. C’est que derrière la crise d’inspiration et le drame familial transparaît peu à peu une inquiétude existentielle vibrante qui constitue au final l’objet premier de l’ouvrage. Tous les fils s’imbriquant bien entendu pour faire sens, ensemble.

Indéniablement, C’est un oiseau, réflexion sur la condition humaine par le prisme du super-héros, sur la vie et la mort, sur la création et la transmission, se veut ambitieux et se donne les moyens de son ambition. Reste qu’il tend parfois un peu trop vers le pur exercice de style, certains de ses procédés, trop soulignés ou utilisés de manière trop insistante, conférant au tout un caractère un peu artificiel ou désincarné.

Réflexion autour des couleurs du costume de Superman
C’est un oiseau © DC comics

C’est surtout au niveau narratif, développée par Steven T. Seagle, que cela nous a paru parfois pesant, entre adresses répétées au lecteur, monologues à rallonge et tendance à un intellectualisme un peu pompeux et pédant. Cela débouche même sur des scènes étranges, comme ces coups de poings entre Steve et le précédent scénariste de Superman pour une divergence de lecture du superhéros...

Au niveau graphique, l’ensemble s’avère lui très impressionnant - ce n’est pas pour rien que le travail de Teddy Kristiansen se voit publié dans la collection "Urban Graphic", comme Deux frères, de Gabriel Bà et Fàbio Moon. Et les réserves exprimées demeurent mineures au regard de la qualité globale du titre.

On y observe une véritable recherche, à l’œuvre devant le lecteur, et c’est peut-être cela le propre du récit super-héroïque, et ce que peut vouloir signifier cette formule "c’est un oiseau" : savoir d’une part transformer l’ordinaire en extraordinaire, d’autre part reconnaître l’ordinaire dans l’extraordinaire. Tout cela par le cheminement d’une quête intime fructueuse et imaginative.

Histoire réduite de Superman
C’est un oiseau © DC comics

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

C’est un oiseau. Par Steven T Seagle (scenario) et Teddy Kristiansen (dessin). Traduction Alex Nikolavitch. Urban Comics, collection Urban Graphic. Sortie le 26 février. 136 pages. 15 euros.

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1 Message :
  • Je l’ai lu après en avoir entendu du bien. J’ai été franchement déçu, c’est du genre "je ne sais pas quoi écrire alors je vais écrire sur mon incapacité à écrire".

    L’auteur joue la carte de la sincérité, sauf que (attention spoiler en vue) :

    à la fin, il décide de trouver une "fin heureuse" maladroite et faussement positive et on sent bien qu’il ne l’a fait que parce que les fans de Superman (la majorité de ceux qui liront la bd) n’auraient pas aimé si il avait continué sur son dénigrement du personnage.
    Il se devait de "dire du bien" de Superman et on sent bien que c’est du n’importe quoi... même là, il n’a pas trouvé quoi que ce soit à exprimer.

    En bref, une histoire qui décrit le manque de talent de l’auteur... alors oui, c’est un genre nouveau mais espérons que ça le restera.

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