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Carlisle T1 - Par Chevais-Deighton et Seigneuret – Editions Bamboo

Par Patrice Gentilhomme le 18 mai 2013                      Lien  
Nouveau récit historique à dimension humaine chez Bamboo avec une nouveauté qui traite de la déculturation des Indiens d'Amérique du Nord. Découverte.

Quand Jonas jeune professeur fraîchement diplômé de Harvard arrive en compagnie de sa jeune épouse à Carlisle il est persuadé du bien fondé de sa mission : permettre aux pensionnaires de cet établissement perdu au fin fond de la Pennsylvanie de s’intégrer à la nation américaine. Plein d’illusions, il reste persuadé que c’est par l’éducation et la culture que la centaine de jeunes Indiens dont il a la charge pourra rejoindre l’American Way of Life en train de naitre.

Malgré le soutien de sa jeune épouse, Jonas Bradford va très vite se confronter au colonel Pratt, dirigeant du pensionnat et qui voit sa mission comme une manière de « tuer l’Indien pour sauver l’homme ». Persuadé de sa mission civilisatrice l’officier, n’en tolère pas moins, de la part de ses hommes, violence et humiliations envers les jeunes pensionnaires. Ceux-ci doivent abandonner et nier tout ce qui faisait leur culture et leur croyance de gré ou de force. John Maddog, une brute raciste, alcoolique et violente, est chargé de la discipline à Carlisle, il considère ces jeunes Indiens comme des sauvages cupides qu’il faut mater. Il ne va pas tarder à s’opposer à Jonas. Les valeurs de la société américaine que Jonas est chargée d’inculquer sont bafouées chaque jour, la réalité est bien moins reluisante que les principes affichés par les l’institution.

Au fil des semaines le climat devient de plus en plus lourd ; pour Jonas qui a réussi à nouer des relations d’amitié et de respect avec ses élèves, les difficultés ne tardent pas à s’accumuler…

Carlisle T1 - Par Chevais-Deighton et Seigneuret – Editions Bamboo
Au delà d’influences notables, le graphisme de Laurent Seigneuret s’affirme sûr et efficace.

Initiés depuis l’Envolée Sauvage de Laurent Galandon et Arno Monin, ou plus récemment du Train des orphelins de Philippe Charlot et d’Alexis Fourquemin au sein de la collection Grand Angle, ces récits qui empruntent autant à la fiction qu’au documentaire romancé permettent de révéler certaines parts d’ombre de la « grande histoire ». L’assimilation des Indiens au sein de la culture américaine reste un thème encore mal connu de l’histoire des États-Unis. Comme souvent, cela ne s’est pas fait sans violence, ni douleur.

Basé sur des faits réels, le premier tome de ce nouveau cycle nous ouvre les portes d’un univers presque inconnu, celui d’établissements spécialement créés au cours du XIXe siècle pour faire assimiler aux jeunes Indiens la culture et les valeurs de la nouvelle Amérique.

Nouveau scénariste Edouard Chevais-Deighton, libraire , ancien marin au long cours, parvient facilement à nous faire entrer dans le quotidien de ces écoles de déculturation. Le dernier de ces établissements ayant fermé en 1980, le sujet reste encore aujourd’hui encore brûlant et sujet à polémiques outre-Atlantique. Si le scénario utilise le flash back (l’histoire commence en 1973 avec la révolte de Wounded Knee et le récit d’un vieil indien), le récit nous entraine très vite dans l’ambiance de ce pensionnat très spécial.

Fondés à la fin du XIXe siècle, ces établissement ont réellement existé tout comme le colonel Pratt, militant d’une reconnaissance des droits des Indiens et considérant que ceux que l’on n’hésitait à qualifier de sauvages devaient et pouvaient participer à la construction du pays.

Inculquer une culture officielle en les obligeant à abandonner leurs coutumes et leur culture faisait partie du contrat. Dans la pratique et au quotidien cette éducation est brutale, violente. Si les intentions d’origine étaient généreuses l’application et la mise en forme étaient tout autre.

C’est un peu l’impression qui ressort aussi de ce premier tome qui, au-delà d’une forte documentation et d’intentions louables, frise parfois la caricature. À vouloir être trop démonstratif, on risque parfois perdre en crédibilité. Ainsi, le tortionnaire Maddog, brute épaisse dont les réactions et les attitudes sont à la limite du cliché. De même, on a un peu de mal à prendre au sérieux ce jeune professeur plutôt idéaliste qui cite du Shakespeare à tout bout de champ.

Laurent Seigneuret, jeune dessinateur au trait sûr, sert bien le récit malgré quelques maladresses perceptibles dans les perspectives ou dans certaines compositions. Faiblesses sans doute corrigées dans un second volume que l’on attend avec impatience, d’autant que son travail est bien mis en valeur par la mise en couleurs efficace et subtile de Sandrine Cordurié .

(par Patrice Gentilhomme)

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