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Cédric Hervan : "Le Dernier des Schoenfeld est en partie basé sur le passé de la famille de Agnès Bartoll"

Par Nicolas Anspach le 14 juillet 2009                      Lien  
Après avoir signé quelques albums des {Voyages d’Alix} et participé à la création d’une aventure du célèbre et intrépide Romain, {{Cédric Hervan}} illustre une saga familiale se déroulant durant l’Occupation. Il évoque {Le Dernier des Schoenfeld} et sa collaboration avec {{Agnès}} et {{Jean-Claude Bartoll}}.

New York. 1983. John Dillman est un romancier en vue. Sa mère, sur son lit de mort, lui parle du passé de sa famille, et lui avoue qu’elle est en réalité... !sa tante. John est l’héritier des Schönfeld, une prestigieuse lignée d’épiciers de luxe. Décidé à tout éclaircir de son passé, John Dillman-Schönfeld se rend aussitôt en France, à la recherche de ses racines familiales. Sans se douter qu’il va ainsi déterrer de sombres secrets enfouis depuis l’Occupation...


Cédric Hervan : "Le Dernier des Schoenfeld est en partie basé sur le passé de la famille de Agnès Bartoll"Vous avez commencé votre carrière en rejoignant assez jeune l’équipe de Jacques Martin. Vous avez notamment participé à la création d’une aventure d’Alix. Qu’est-ce que cela vous appris de travailler dans un style qui n’était pas le vôtre ?

J’avais dix-sept ans et demi lorsque j’ai commencé à travailler pour Jacques Martin. C’était très agréable de voir que mon travail était utile. Mon tout premier travail, chez Martin, c’était des corrections de couleur. Trois mois après, l’album était en librairie. Je pouvais donc percevoir directement l’utilité de mon travail. Je devais bien évidement retravailler mes dessins de nombreuses fois, mais il m’expliquait les raisons en sortant son matériel ou ses planches. C’était un apprentissage agréable. J’ai dessiné les Voyage d’Alix consacrés à Persépolis et aux Jeux Olympiques. J’ai participé à la réalisation graphique d’une aventure d’Alix, C’était à Khorsabad. Un beau bagage pour un dessinateur assez jeune. Quand j’ai entamé les premières planches du Dernier des Schoenfeld, les éditions Glénat étaient en confiance : ils savaient que j’étais capable de mener un album.

Comment avez-vous rencontré Agnès et Jean-Claude Bartoll ?

Via leur blog ! Après avoir quitté l’équipe Jacques Martin, j’avais souhaité travailler ma propre série. Je devais encore apprendre certaines subtilités graphiques et je ne tenais pas trop à assumer un scénario. Je venais de lire l’une de leur série, Mékong. J’aimais beaucoup ce récit d’aventure. Je leur ai envoyé un mail, et ils ont été regarder mon travail sur mon blog. Mon style leur plaisait ! Ils m’ont envoyé un scénario quelques heures plus tard. C’était Le Dernier des Schoenfeld. J’aurais préféré dessiner un récit d’aventure, mais je ne voulais pas rester trop longtemps le crayon en l’air. J’ai lu cette histoire. Elle m’a bluffé ! Je leur ai téléphoné le lendemain matin.

Extrait du "Dernier des Schoenfeld"

Cela ne vous dérangeait pas de repartir sur un récit historique ? La partie la plus contemporaine date de 1983. Et une partie d’histoire se déroule durant la Seconde Guerre mondiale

Pas du tout ! Je préfère l’historique au contemporain. Je m’étais seulement fixé comme règle, en quittant l’équipe de Jacques Martin, de ne pas illustrer un récit d’antiquité. Je ne voulais pas être assimilé à cette période, même si je ne m’interdis pas d’y revenir dans quelques années. Pour l’anecdote, lorsque j’ai contacté différents scénaristes qui me plaisaient, tous m’ont proposé un scénario sur cette thématique. À chaque fois, j’ai dû refuser.

Quel type de relation avez-vous avec les Bartoll ?

Nous avons signé les contrats par courrier. Je les ai rencontrés pour la première fois lors d’une séance de dédicace dans le bassin d’Arcachon à la sortie du premier tome. Nous avons travaillé uniquement par mail et par téléphone. Cela m’a un peu manqué de ne pas pouvoir passer un peu de temps avec eux, au restaurant par exemple, pour mieux les connaître.

Qu’est-ce qui vous séduisait dans leur scénario ?

Le premier tome est plus une mise en place de l’histoire et des personnages. Dans les dernières planches, on commence à comprendre les tenants et aboutissants des premières pages. Le héros principal va réagir, et il y aura plusieurs retournements dans l’intrigue. Les personnages ont du caractère. Ce scénario garde un ton plutôt surprenant. L’histoire est en partie basée sur des évènements douloureux qu’a vécus la famille d’Agnès Bartoll. La lettre de dénonciation que nous présentons sur les pages de garde est malheureusement réelle ! C’est frappant de vérité.

Extrait du "Dernier des Schoenfeld"

Vous ont-ils parlé de ces liens avec l’histoire réelle de la famille d’Agnès dès le début ?

Ils ont été vague là-dessus. Je ne savais pas à quel point cette histoire était inspirée d’évènements familiaux. Quand nous avons travaillé sur la maquette de l’album, ils m’ont envoyé des scans de cette lettre et de photographies des vrais protagonistes. J’avais devant moi mes personnages. Cela faisait un an et demi que je travaillais dessus et je ne m’étais pas rendu compte que c’étaient de vraies personnes qui avaient souffert à ce point !

Appréciez-vous les changements de lieu et d’époque ?

Je ne me suis pas posé cette question lorsque j’ai lu le scénario pour la première fois. L’intrigue et les évènements familiaux m’interpelaient. Quand j’ai commencé à dessiner cette histoire, je me suis aperçu que c’était plaisant de jouer sur les symboles pour définir une époque, un lieu.

Ce style semi-réaliste vous est naturel ?

Oui. Depuis que j’ai commencé à dessiner, à l’adolescence, j’ai toujours utilisé un style semi-réaliste. J’avais alors trois idoles : Berthet,Frank Le Gall et André Juillard ! Ils étaient à l’opposé l’un de l’autre, mais je les appréciais également. Quand je suis entré chez Jacques Martin, je lui ai montré des planches que j’avais dessinées sous ces influences. Jacques Martin a regardé cela attentivement. J’étais étonné qu’il ne me jette pas dehors (Rires). Il a dû se dire qu’il y avait un potentiel derrière ces planches réalisées par un débutant de dix-sept ans et demi. J’ai alors commencé à travailler pour lui et il m’a fallu apprendre à m’approprier le style Martin. C’était très laborieux, car je ne suis pas un « martinien » d’origine comme Gilles Chaillet ou Raphaël Morales ! J’éprouvais quand même du plaisir à dessiner ces pages et à illustrer ces univers historiques. Quand j’ai quitté l’équipe Jacques Martin, il a fallu retrouver un style. Je me suis replongé dans les albums qui m’ont marqués.

Quelle technique avez-vous utilisé pour les couleurs ?

La première partie de l’album a été réalisée sur un bleu de coloriage. Mais je manquais de confort. J’ai donc opté pour une mise en couleur à l’aquarelle sur des copies de planches. C’est donc presque de la couleur directe ! Par contre, le dessin de couverture a été réalisé avec cette dernière technique…

Extrait du "Dernier des Schoenfeld"

Considérez-vous cet album comme étant votre premier ?

Non. Techniquement, c’est mon quatrième. J’ai vraiment vécu mon premier livre, Persépolis, comme étant une création. Jacques Martin vérifiait mon travail, mais ne prenait pas part dans la création elle-même. J’apportai les éléments et je menais le projet de bout en bout. Je n’ai pas eu les mêmes sentiments pour les autres albums. On est plus considéré comme un exécutant lorsque l’on travaille sur Alix. Pour « Le Dernier des Schoenfeld », j’étais maître des tenants et aboutissants : de la création à la maquette et à l’impression. Mais je dois avouer que j’ai été, quand même, très ému quand j’ai eu l’album entre les mains.

Avez-vous déjà des projets pour l’après « Schoenfeld » ?

Continuer à travailler avec les Bartoll ! Et puis, j’ai un projet d’un one-shot avec un scénariste. J’ai également écrit une histoire découpée en trois albums. Mais elle doit encore mûrir.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photo (c) Nicolas Anspach
Illustrations (c) Hervan, Bartoll & Glénat.

 
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