Au départ, il y a l’affaire Weinstein et le mouvement #metoo et #balancetonporc qui suscite une multiplication de dénonciations d’affaires similaires aux USA comme en France et ailleurs dans le monde. Charlie Hebdo en fait une Une signé Vuillemin.
Puis vient l’affaire Tarik Ramadan, de ce docteur de l’Islam accusé à son tour de violences sexuelles sur des femmes. Cette fois, c’est Juin qui fait la Une. Scandale : oser associer l’islam à #balancetonporc suscite des tollés de part et d’autre. D’autant que le "sixième pilier de l’Islam" est le Jihad pour les musulmans extrémistes. La couve leur vaut même une parodie de la bande de fachos de Soral.
Enfin, la Une de cette semaine où Charlie Hebdo accuse le site d’investigation Mediapart d’avoir ignoré les rumeurs d’agressions sexuelles concernant Tarik Ramadan alors qu’une enquête approfondie sur le prêcheur aurait été faite par le site d’Edwy Plenel. D’où cette Une du moustachu qui refuse de voir et d’entendre.
Et la polémique de reprendre de plus belle.
Une fois encore, Charlie Hebdo est remis en cause pour ses couvertures coups de poing. Une fois encore, c’est l’humour sur l’Islam qui lui est reproché. Une fois encore, les menaces de mort pleuvent sur l’équipe de Charlie et le site Internet de Charlie Hebdo est en berne, peut-être victime des hackers.
Une nouvelle fois, on réduit le débat médiatique à un « racisme contre l’Islam » ou à une polémique entre les courants de la gauche sociale-démocrate qu’incarnerait Charlie et une extrême-gauche accusée (notamment par l’ancien Premier Ministre Emmanuel Valls) d’être complaisante sinon plus vis-à-vis d’un islamisme mortifère et d’un antisémitisme qui se cacherait sous un faux-nez d’antisionisme.
Les choses sont pourtant simples : Charlie est un journal anticlérical qui dénonce la dérive d’un Islam qui se prétend prude et rigoriste, et qui s’avère dans l’une de ses figures médiatiques, hypocrite. Il fait cela avec la même grivoiserie et la même verve que la pédophilie chez les curés. Plus personne n’ignore cela.
Par ailleurs, Charlie Hebdo a un compte à régler avec l’islamisme radical et meurtrier qui a tué douze personnes au sein de ses locaux le 7 janvier 2015. Un album sorti en kiosque en même temps que le Une de Plenel vient le rappeler opportunément : « Le Procès Merah » de Riss (dessinateur présent et blessé au moment de l’attentat du 7 janvier) fait le compte-rendu du procès des complices de l’assassin de Toulouse. Un ouvrage tout en dessins éloquent, précis et glaçant.
Il s’agit pour l’équipe de Charlie Hebdo de ne pas oublier ce qu’ils représentent et de l’exprimer avec force, courage et détermination. Ils l’ont payé avec leur sang et cela mérite à nos yeux plus de respect que toutes les racionisations des plateaux de TV.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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