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Charlie Hebdo, toujours au centre de l’actualité

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 novembre 2017                      Lien  
Deux ans après l’assassinat de l’équipe de Charlie Hebdo, et pile deux ans après la tragédie du Bataclan, Charlie Hebdo est toujours au cœur des polémiques, et même d’une polémique au sein d’une autre polémique, elle-même au cœur d’une polémique plus générale encore. Nous sommes dans les poupées-gigognes d’un traitement médiatique bien de notre époque.

Au départ, il y a l’affaire Weinstein et le mouvement #metoo et #balancetonporc qui suscite une multiplication de dénonciations d’affaires similaires aux USA comme en France et ailleurs dans le monde. Charlie Hebdo en fait une Une signé Vuillemin.

Charlie Hebdo, toujours au centre de l'actualité

Puis vient l’affaire Tarik Ramadan, de ce docteur de l’Islam accusé à son tour de violences sexuelles sur des femmes. Cette fois, c’est Juin qui fait la Une. Scandale : oser associer l’islam à #balancetonporc suscite des tollés de part et d’autre. D’autant que le "sixième pilier de l’Islam" est le Jihad pour les musulmans extrémistes. La couve leur vaut même une parodie de la bande de fachos de Soral.

Enfin, la Une de cette semaine où Charlie Hebdo accuse le site d’investigation Mediapart d’avoir ignoré les rumeurs d’agressions sexuelles concernant Tarik Ramadan alors qu’une enquête approfondie sur le prêcheur aurait été faite par le site d’Edwy Plenel. D’où cette Une du moustachu qui refuse de voir et d’entendre.

Et la polémique de reprendre de plus belle.

Une fois encore, Charlie Hebdo est remis en cause pour ses couvertures coups de poing. Une fois encore, c’est l’humour sur l’Islam qui lui est reproché. Une fois encore, les menaces de mort pleuvent sur l’équipe de Charlie et le site Internet de Charlie Hebdo est en berne, peut-être victime des hackers.

Le site de Charlie Hebdo aujourd’hui

Une nouvelle fois, on réduit le débat médiatique à un « racisme contre l’Islam » ou à une polémique entre les courants de la gauche sociale-démocrate qu’incarnerait Charlie et une extrême-gauche accusée (notamment par l’ancien Premier Ministre Emmanuel Valls) d’être complaisante sinon plus vis-à-vis d’un islamisme mortifère et d’un antisémitisme qui se cacherait sous un faux-nez d’antisionisme.

Les choses sont pourtant simples : Charlie est un journal anticlérical qui dénonce la dérive d’un Islam qui se prétend prude et rigoriste, et qui s’avère dans l’une de ses figures médiatiques, hypocrite. Il fait cela avec la même grivoiserie et la même verve que la pédophilie chez les curés. Plus personne n’ignore cela.

Par ailleurs, Charlie Hebdo a un compte à régler avec l’islamisme radical et meurtrier qui a tué douze personnes au sein de ses locaux le 7 janvier 2015. Un album sorti en kiosque en même temps que le Une de Plenel vient le rappeler opportunément : « Le Procès Merah » de Riss (dessinateur présent et blessé au moment de l’attentat du 7 janvier) fait le compte-rendu du procès des complices de l’assassin de Toulouse. Un ouvrage tout en dessins éloquent, précis et glaçant.

Il s’agit pour l’équipe de Charlie Hebdo de ne pas oublier ce qu’ils représentent et de l’exprimer avec force, courage et détermination. Ils l’ont payé avec leur sang et cela mérite à nos yeux plus de respect que toutes les racionisations des plateaux de TV.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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9 Messages :
  • Charlie Hebdo, toujours au centre de l’actualité
    14 novembre 2017 09:20, par Samuel

    Il me paraît difficile de mettre les trois couvertures ensemble et de synthétiser en écrivant "Une fois encore, c’est l’humour sur l’Islam qui lui est reproché".

    La dernière couverture en date accuse Médiapart (sans aucune preuve) d’avoir dissimulé des faits. Cela va plus loin qu’un trait d’humour.

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    • Répondu par kyle william le 14 novembre 2017 à  12:44 :

      Les preuves existent, il suffit de relire les conversations entre Ramadan et Plenel. Plenel n’abordait pas la vie privée de son interlocuteur lors de ces échanges, et n’en faisait pas part non plus dans ses papiers sur Mediapart. C’est ce dont plaisante cette couverture. Mediapart a répondu. Tout ça est plutôt de bonne guerre entre deux journaux.

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  • Ce journal est toujours aussi lamentable.
    Le mieux, pour ses auteurs et rédacteurs comme pour leurs adversaires, serait d’arrêter d’en parler.

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    • Répondu le 14 novembre 2017 à  20:37 :

      Des auteurs et rédacteurs qui arrêteraient de parler de leur journal. Vous racontez vraiment n’importe quoi.

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      • Répondu le 15 novembre 2017 à  21:10 :

        Le mieux, pour préserver ses auteurs et rédacteurs, serait que les media arrêtent de parler de ce journal lamentable. C’est moins "n’importe quoi" comme ça ?

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        • Répondu le 16 novembre 2017 à  12:26 :

          Depuis le sinistre attentat de janvier 2015, les médias ne peuvent pas ne plus parler de Charlie. S’il n’y avait pas eu ce drame, par contre, Charlie serait mort de sa belle mort, faute de moyens financiers et les médias n’en parleraient sans doute déjà plus. Sauf peut-être quelqu’un comme Didier Pasamonik parce qu’il a une mémoire et une connaissance d’historien de la bande dessinée et du dessin de presse. Personnellement, je trouve très bien que Monsieur PAsamonik continue de parler régulièrement de Charlie et du sang que ce journal a dû verser pour avoir le droit et le devoir de s’exprimer avec virulence, que cette virulence nous plaise ou non.

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    • Répondu par kyle william le 14 novembre 2017 à  21:09 :

      J’ai parlé trop vite... c’était de bonne guerre mais c’est en train de dégénérer.. Islamophobe et islamo-gauchistes deviennent les noms d’oiseau à la mode... quand à Charlie, c’est vrai qu’on peut trouver qu’il est moins drôle qu’avant, mais je me suis laissé dire que certains de ses meilleurs dessinateurs se sont fait assassiner...

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  • C’est amusant..
    et pourquoi Charlie n’a pas fait de une sur Philippe Val par rapport à Font ? Il a pourtant passé quelques années avec non ?

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    • Répondu par kyle william le 15 novembre 2017 à  17:08 :

      Sur l’affaire en question (Font/Val/Charlie), et le départ de Lefred Thouron du journal en 96, cet extrait de wikipedia : Philippe Val a été accusé plusieurs fois d’actes de censure, par exemple lorsqu’il a refusé un dessin de Lefred Thouron sur Patrick Font, impliqué dans une affaire de pédophilie (le dessin sera finalement publié la semaine suivante). (…)

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