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Chez Bamboo, la BD c’est tout un roman !

Par Patrice Gentilhomme le 28 avril 2010                      Lien  
À la suite d'autres éditeurs, Bamboo se lance à son tour dans la novellisation. Simple phénomène de mode ou vrai choix éditorial ?

Lors de l’ interview qu’il nous avait accordée à Angoulême Hervé Richez avait présenté cette collection comme l’un des événements phares de l’année l’éditeur. En adaptant certains de ses grands succès sous forme romanesque, l’éditeur bourguignon fait donc son entrée sur le marché de la novellisation. Le phénomène n’est ni nouveau, ni unique, Bamboo rejoint ainsi le groupe des éditeurs déjà engagés sur ce nouveau marché : (Soleil) avec Lanfeust, (Glénat) avec Titeuf ou (Dupuis) avec Cédric (pour ne citer que les plus célèbres !) ont déjà connu ce type de déclinaison avec des succès divers !

Chez Bamboo, la BD c'est tout un roman !Bamboo s’installe avec deux séries vedettes : Les Sisters et Les Rugbymen Ces romans jeunesse illustrés proposent à un jeune public (à partir de 7 ans) de courts récits inédits d’une centaine de pages.
En mai, deux nouveaux titres apparaîtront dans les bacs : Les jeunes Sapeurs Pompiers et Studio Danse » rejoindront cette nouvelle collection.

Loin de se limiter aux séries comiques qui ont construit sa réputation et son succès, l’éditeur entend aussi renouer les adultes avec le roman illustré. C’est ainsi que, d’ores et déjà, des titres de la collection réaliste Grand Angle, L’ambulance 13 et L’oeil des Doberman écrits par Patrick Cothias et Patrice Ordas, sont sur le point de paraître dans les prochaines semaines avant d’être repris… en BD par la suite !

Welcome to hope : de la BD au roman !Avec ces livres, les lecteurs auront « une vue plus étayée du contexte des guerres ». C’est du moins le pari que font des auteurs comme Patrice Ordas qui voit dans ce nouveau produit «  un complément pour suppléer aux difficultés de la BD pour faire ressentir les sentiments ou les états d’âmes des personnages ».

Faire partager le talent littéraire des scénaristes reste une intention louable et même légitime. Bamboo n’en est pas à son premier essai puisque l’éditeur avait déjà proposé le texte du triptyque Welcome to Hope de Damien Marie et Vanders, offert avec le troisième tome.
Aujourd’hui, on passe manifestement à une nouvelle étape.

Recherche de notoriété plus intellectuelle ou volonté de rompre avec une image de BD à l’humour "Gros nez" ? Simple « coup éditorial » ou désir de faire bouger « les lignes » entre littérature et bande dessinée ? Les intentions des éditeurs sont-elles aussi généreuses qu’ils le prétendent ou ne s’agit-il pas au delà d’une recherche de respectabilité (en publiant de « vrais livres ») d’un nouveau positionnement destiné à séduire un nouveau public, encore non converti au monde des bulles ?

Le phénomène illustre une fois encore les va et vient existant entre différents médiums pour lesquels la BD constitue de plus en plus semble-t-il, un carrefour incontournable !

(par Patrice Gentilhomme)

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5 Messages :
  • Chez Bamboo, la BD c’est tout un roman !
    2 mai 2010 15:58, par la plume occulte

    Il faut arrêter d’insulter la BD.La BD peut tout exprimer,ne connait pas de limites,et est un art majeur.Les limites,manques,approximations et autres travers qu’on lui attribue,ne sont que celles des auteurs qui la font,et éventuellement des lecteurs pas toujours capables d’en saisir toute l’étendue. Les éditeurs aussi sont parfois un peu coupables.La tenir responsable de ses limites propres,la stigmatiser,est typique de cet art là.Même au sein de ses acteurs les plus talentueux,et de ses plus ardents défenseurs,une certaine bédéphobie se fait toujours sentir,et c’est pénible !Pour les auteurs qui seraient tentés par cette "facilité",voire excuse:il serait bon de savoir que ce qu’ils n’arrivent pas à faire,d’autres ,ailleurs,dans le monde le font.Il suffit simplement d’en lire de la BD,autre que la sienne ou celle de ses copains pour s’en apercevoir...Alors oui ,la BD n’a aucun problème à étayer complètement un contexte,et à faire ressentir les sentiments et états d’âmes des personnages-n’en déplaise à Patrice Ordas-,ainsi que toute autres choses dîtes complexes.

    Les auteurs auraient du mal à faire passer leur talent littéraire dans la BD ?Bizarre :à moins que ce soit dû au fait qu’elle n’aie rien à voir avec cette littérature justement,à qui ont veut un peu trop souvent la rattacher ainsi qu’à la peinture, pour lui donner un vernis de respectabilité.La respectabilité en art ? BERK et REBERK.Heureusement la BD à sa (ses)vérité(s) propre(s) en tant qu’art majeur:et c’est très bien ainsi.Le reste ,n’est que du postillonnage.

    On peut remarquer que ce postillonnage en question est l’essence même de l’art moderne,ce que certains "artistes" dans la BD comme ailleurs ont parfaitement compris.

    En passant, il fait vraiment plaisir de voir le retour aux "affaires" de Patrick Cothias.Ses extraordinaires dialogues nous manquaient.

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    • Répondu par Alex le 2 mai 2010 à  23:21 :

      la BD n’a aucun problème à étayer complètement un contexte,et à faire ressentir les sentiments et états d’âmes des personnages

      Désolé mais ce que vous avancez comme qualités ne sont pour moi qu’anecdotes. Le contexte ne devrait jamais être le facteur déterminant, sinon on tombe vite dans les sous "Maus" où l’histoire -le scénario- se doivent d’être validés comme unité artistique indépendante par leur sérieux, par la qualité de leurs sujets. En art cela à un nom "l’Art Pompier"...

      Quand à faire ressentir les états d’âme des personnages... J’ai compris assez vite que Gaston était un fainéant, j’aurai donc dû me lasser après le 10ème gag. Mais la BD, contrairement à ce que vous avancez, ne retranscrit pas des émotions mais en crée.

      « Les auteurs auraient du mal à faire passer leur talent littéraire dans la BD ?Bizarre :à moins que ce soit dû au fait qu’elle n’aie rien à voir avec cette littérature justement,à qui ont veut un peu trop souvent la rattacher ainsi qu’à la peinture, pour lui donner un vernis de respectabilité.La respectabilité en art ? BERK et REBERK. »

      C’est très ado comme passage, c’est oublier des siècles d’évolution des arts populaires qui eurent une influence indéniable sur le genre - comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? La recherche de la respectabilité artistique doit être analysée sur un plan individuel, mais la corrélation à l’histoire de l’art et la littérature ne peut être balayée d’un revers de la main. C’est faire fi d’innombrables trésors, d’une constante transformations des arts populaires à travers les siècles. La BD en est une de ses formes les plus récentes. Visitez la cathédrale la plus proche de votre lieu de résidence. Respectabilité ? Ce n’est qu’un accessit, remettez-vous !

      Votre message est finalement très confus, vous semblez défendre la bd comme un genre indépendant -ce qu’il ne pourrait être- puis (si imaginons que l’on vous prouve raison) vous qualifiez ses pratiquants d’artistes entre guillemets ?!! Éclairez-nous.

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      • Répondu le 3 mai 2010 à  18:00 :

        En premier lieu, je tiens à dire que j’aime l’art pompier.J’aime le dessin(plus que la peinture qui aujourd’hui m’emmerde,et je me demande si ce ne sont pas les peintres qui m’en ont fatigué ),j’aime la technique,donc j’aime l’art pompier aussi:et chacun peut en penser ce qu’il veut !L’art pompier est une manière de penser,une conception des choses et fait partie de la diversité des points de vue.Et c’est quelque chose qui me convient:c’est la richesse du monde.

        Quand je dis que la BD n’a aucun problème à faire ressentir des sentiments et autres choses,j’affirme -oui j’affirme- qu’elle à suffisamment de richesses en elle pour le faire sans problèmes.Donc vouloir passer par la novélisation pour combler ses soit-disant manques,est particulièrement stupide ;et démontre une totale ignorance de ses capacités.Alors,si on a pas assez de talent pour faire de la BD,qu’on fasse du roman:et bon voyage...!Ensuite,oui la BD crée des émotions,mais en en retranscrivant au contraire.De là nait le phénomène d’identification qui est la base de tout art narratif.Je reconnait que le génial Gaston n’est pas l’exemple rêvé pour s’en apercevoir mais la BD est très riche, et les exemples sont nombreux.

        "C’est très ado comme passage"
        Le coup de l’infantilisation de l’autre pour paraître plus crédible et dominer la conversation ne marchera pas,mais bien joué quand même !À la base ,tout art est populaire,car il reste à prouver que le premier qui est fait un dessin,une sculpture,ou produit un son musical soit un aristo !Que l’art ai été récupéré par ces mêmes aristos ne doit pas le faire oublier.On le sait,aujourd’hui,dans ce monde,les aristos sont d’un tout autre genre.Mais passons sur les détails...

        je ne fait fi de rien ,je dis seulement que la BD n’a pas besoin d’alibi.Et,pour la respectabilité qui ne serait qu’un accessit:il se trouve que pour beaucoup, c’est ce qui rend justement un art fréquentable.

        Je ne dis pas non plus que la BD est un art indépendant.Je dis que c’est un art qui a sa propre vérité,son propre fonctionnement,ses lois,ses règles,ses"incontournements":et c’est ce en quoi elle est un art majeur.Alors pour l’expliquer,l’analyser..Inutile de convoquer des justifications dans d’autres arts.Des arguments, une histoire ect...Elle porte tout ça déjà en elle,et elle est assez grande pour se défendre seule.

        Je ne qualifie que certains d’entre eux d’artistes entre guillemets.Ceux qui ont bien compris tout les rouages et les subtilités du service pré-vente.L’art de la com tout simplement.Un art qui emprunte plus aux techniques d’un commercial, qu’à celle des beaux-arts mais c’est dans l’air du temps.C’est qu’il faut bien connaître son public pour bien le caresser dans le sens du poil... Un "je dis", rapporte tellement plus qu’un "je fais" !!!

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        • Répondu par Alex le 4 mai 2010 à  23:56 :

          L’art pompier est une manière de penser,une conception des choses et fait partie de la diversité des points de vue.Et c’est quelque chose qui me convient:c’est la richesse du monde.

          Certainement, mais il faut aussi pouvoir être à même de juger la place de "l’Art Pompier" dans l’histoire de l’art, dans son contexte. J’ose avancer que certains récits de bd en portent l’empreinte récemment -un classissisme de forme identifiable, reflet d’un désir de consensus politique ou sociologique. Une perpétuation des mythes, du statu-quo. Le mythe du reportage "vérité", le mythe du récit "authentique". Alors que nous parlons de travaux de retranscriptions d’évènements, d’expériences, d’émotions... C’est "pompier" pour moi cette démarche et je n’y trouve rien de satisfaisant car le manque d’auto-critique me semble être la norme. Avatar inévitable.Les envoyés spéciaux aujourd’hui questionnent leur place dans le monde et la fragmentisation de leur perspective, un débat auquel nombre de dessinateurs feraient bien de participer.

          Ensuite,oui la BD crée des émotions,mais en en retranscrivant au contraire.De là nait le phénomène d’identification qui est la base de tout art narratif.

          Non, je ne vous suis pas. Quand je dis que la bd crée des émotions, c’est à prendre au pied le la lettre. Exemple -faites-en l’expérience (et continuons avec Gaston) : je lis un de ces gags, j’éclate de rire (apparté, éclate-t-on vraiment de rire devant un gag de bd ?). Le lendemain j’essaie de le raconter à un ami, pour qu’il comprenne le comique de la situation... Flop ! Car le rire engendré en 1er lieu par ce gag n’est pas issu d’une identification -auquel cas mon ami pourrait s’y identifier et rire de concert- mais d’une expérience individuelle de lecture. Vous êtes-vous déjà identifié à un héros de bd ? En vrai ? Parceque moi réellement jamais.

          À la base ,tout art est populaire

          C’est définitivement discutable. Mais, comme vous dites, passons (sur les détails ???)...

          Je ne dis pas non plus que la BD est un art indépendant.Je dis que c’est un art qui a sa propre vérité,son propre fonctionnement,ses lois,ses règles,ses"incontournements":et c’est ce en quoi elle est un art majeur.Alors pour l’expliquer,l’analyser..Inutile de convoquer des justifications dans d’autres arts.Des arguments, une histoire ect...

          Vous avez tort à mon avis. Je ne décèle dans vos messages aucune allusion à l’industrialisation, à la radiophonie et à la feuilletonisation par exemple. Et c’était juste pour parler du siècle dernier ! Car tout cet art de la narration et du graphisme ne s’est pas auto-généré. Comment pouvez-vous avancer une telle chose ? Que la bd serait sans passé, sans histoire ? Je suis définitivemment très curieux de lire vos arguments...

          Bien à vous,
          Alex

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          • Répondu par la plume occulte le 6 mai 2010 à  18:46 :

            L’histoire de l’art...Oui évidemment mais en même temps non ,je m’en fout,je m’en passe.L’histoire de l’art pour "resituer",mettre en perspective oui,l’histoire de l’art en tant que sanction non.

            Ce classicisme de forme, qui semble vous gêner,vient du fait que souvent,bon nombres de dessinateurs utilisent,recopie leurs références photos(tiens comme les pompiers):quand ils ne les scannent pas directement sur leurs planches.Ils faut quand même reconnaître que cette "évidence"visuelle,est souvent la manière la plus "limpide" de faire passer son message au plus grand nombre. Ce qui n’est pas forcément une tare.Il faut se rappeler aussi que la BD est de la narration, pas du graphisme(qui est un autre domaine avec lequel l’illustration trouve son compte).Si ce graphisme se révèle trop présent,trop envahissant:il prend le pas sur la narration en question et la recouvre ce dont elle pâtie.On touche alors ici au problème de savoir si un auteur doit se cacher derrière son sujet,ou si ce doit être le contraire :éternel débat.

            Il est certain aussi que bien des auteurs BD interrogent leur place dans le monde,et parfois là où on ne les y attend pas.

            Tout d’abord,oui il m’est arrivé de rire aux éclats devant un gag,et surtout un dialogue.Et si votre ami ne rit pas sur celui que vous lui avez raconté,c’est qu’il n’a pas tout les éléments devant lui comme vous.Et peut être,oui peut être que vous n’avez pas le talent de monsieur Franquin...On touche là aussi au problème des gags des histoires drôles parlés, qui ne peuvent être retranscrits tels quels sur une feuille mais doivent être adaptés et inversement pour ne pas y perdre .On reviens là au fait que chaque modèle narratif a ses lois.De plus ,Gaston est un mauvais exemple pour parler du phénomène d’identification puisqu’il est un anti-héros.Dans son cas,l’adhésion se fait sous la forme de l’empathie,pas de l’identification.Il existe d’autres genres d’anti-héros "attractifs:Dark Vador,Hannibal Lecter,qui eux fonctionnent sur l’attraction répulsion.J.R Ewing lui,est celui que l’on adore détester.Pour l’identification,il faut donc un héros dans lequel le lecteur,le spectateur,l’auditeur, se reconnait pour pouvoir vivre l’action comme si c’était la sienne:sinon il décroche,il se désintéresse.

            Oui, je me suis déjà identifié à un héros de BD-même plusieurs-.Rahan,qui avait réussi à me faire croire que l’on pouvait nager le crawl sous l’eau...Certains se sont eux identifiés à Voltaire ou Rimbaud,mais j’échange pas !!

            Je sais bien que pour certains les mots art et populaire ne sont pas compatibles mais bon...

            Pour finir,je ne nie pas que la BD est héritières de biens des genres et choses. Mais je dis qu’elle est suffisamment armées pour se défendre toute seule comme une grande,et, qu’elle n’a pas besoin de tuteurs.Le prestigieux art officiel(aie aie ce mot )lui est sous curatel,tenu debout par les subventions.

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