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Christophe Gaultier : "Le style graphique me vient en fonction des ambiances du récit."

Par Nicolas Anspach le 18 juillet 2008                      Lien  
On sent chez {{Christophe Gaultier}} une soif de raconter des histoires et de les dessiner. L’homme enchaine les projets avec vitalité et module son graphisme au gré des atmosphères de ses récits. Il nous parle de {Guerres Civiles} et ses autres parutions…

Christophe Gaultier : "Le style graphique me vient en fonction des ambiances du récit."Quelle a été la genèse de Guerres Civiles ?

Sylvain Ricard et moi-même avons rencontré Jean David Morvan au Festival de la bande dessinée de Chambéry. Il nous a dit avoir apprécié les livres que nous avions signés ensemble. Il voulait nous intégrer dans la réalisation de l’un de ses projets. C’était encore assez flou et il devait y réfléchir sérieusement. Quelques semaines plus tard, il nous a envoyé un mail pour nous décrire l’univers et la thématique de Guerres Civiles. Nous aimions beaucoup l’idée de nous mettre en scène à travers une auto-fiction.

A l’époque, je sortais d’une expérience comparable. Je venais de publier Demi-Course et Casquette Motul aux éditions Dupuis. J’y racontai mon enfance de manière humoristique. Cela me plaisait d’embrayer sur un autre projet où je me dessinerais. Et ce, même si je n’aime pas dessiner notre époque. Mas comme j’apprécie me mettre en danger, j’ai accepté ce projet.

Dans votre auto-fiction, la France est en pleine guerre civile…

Effectivement. Nous restons dans le flou quant aux origines du conflit. C’est un choix délibéré. J’appréciais surtout le rythme de l’histoire qui est fort dynamique. Mon style graphique devait correspondre à ce tempo. Le choix du croquis dessiné sur le vif s’est imposé naturellement. Pour chaque projet, le style graphique me vient spontanément en fonction des ambiances du récit. Mon graphisme diffère dans chacun de mes albums.

Il est vrai que votre style pour Robinson Crusoé est plus en hachures, plus nerveux…

J’avais rassemblé de nombreuses reproductions de gravures anciennes. Sans compter une vieille édition du livre de Defoë qui était illustrée par ce type de dessin. Je souhaitais que mon graphisme se rapproche de cette technique, qu’il ait un petit côté désuet.

Extrait de "Guerres Civiles" T2
(c) Gaultier, Morvan, Ricard & Futuropolis

Pensez-vous que vous vous ennuierez si vous dessiniez de nombreux albums dans un même style ?

Ces changements ne sont pas calculés. Je ne sais pas. Je vis mon dessin comme une expérience et j’essaie de réaliser des projets différents. Il y a forcément un point commun graphique entre chacun de mes albums. Je viens de terminer un Donjon. Mon graphisme est différent, même s’il est relativement proche de celui de Robinson Crusoé

Est-ce possible de se remettre en question lorsque l’on sort quatre albums (ou l’équivalent en nombre de planches) par an ?

Le roman de Defoë se lit d’une traite. C’était logique de l’adapter en une fois. Je dessine vite, en encrant directement mes planches sans passer par la phase du crayonné. J’ai dessiné les trois albums de Robinson en six mois. Je n’ai rien dessiné d’autre pendant ce temps là. En fait, je livre entre dix et vingt planches par mois à mes éditeurs.
Il m’était important de terminer les trois albums de Robinson avant d’entamer quelque chose d’autre ! Je voulais conserver une certaine énergie et une constance dans mon graphisme. Je craignais que mon dessin bouge légèrement …

La couverture du T2 de Robinson Crusoé
(c) Gaultier & Delcourt.

Vous constatez cela dans Guerres civiles ? Les deux albums ont été réalisés à des époques différentes …

La première partie n’est pas dessinée de la même manière que la seconde. Mais ce n’est pas gênant. Guerres Civiles se rapproche, selon moi, d’un reportage dessinée. Or dans ce type de carnet, certains dessins sont plus poussés que d’autres.
Mes scénaristes ne voient les planches que lorsque les albums sont totalement bouclés. Je ne leur montre rien. Évidemment, lorsque nous commençons un projet, je leur envoie des planches, afin d’être certain que nous soyons sur la même longueur d’onde quant au traitement choisi !

Extrait de Donjon Pontron Minet
(c) Gaultier, Sfar, Trondheim & Delcourt.

Pourquoi avoir adapté Robinson Crusoé ?

C’est le premier livre que j’ai lu lorsque j’étais enfant ! Robinson Crusoé m’a incité à en lire d’autres. D’ailleurs, à l’époque, j’avais déjà adapté cette histoire. … en deux planches ! Un vrai massacre ! (Rires)

Parlez nous de Demi-Course et Casquette Motul

J’avais des velléités scénaristiques. Il me semblait naturel, pour commencer, de parler d’une partie de mon vécu. Je me suis replongé dans mon enfance pour écrire un livre dans une veine humoristique…

Quels sont vos projets ?

Je reprends la série Donjon Potron-Minet. Je travaille sur un récit, en solitaire, pour Futuropolis. Il s’agit d’une adaptation très libre d’une nouvelle d’un romancier américain inconnu du 19e siècle. Ce huis-clos pesant sera dans l’ambiance des films noirs des années ’50. J’ai également un projet avec Charles Berberian. Mais il est encore trop tôt pour vous en parler…

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Christophe Gaultier sur actuabd.com, c’est aussi :

- Une interview de Jean David Morvan à propos de Guerres Civiles (Mai 2006)

Les chroniques de :
- Guerres Civiles Deuxième partie
- Robinson Crusoé T2 et T3
- Demi-Course et casquette motul
- Kuklös

Découvrez le blog de Christophe Gaultier

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Photo (c) DR.

Merci à Morgan Di Salvia, des librairies Slumberland, d’avoir permis cette rencontre.

 
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