Né en Bourgogne en 1969 et aîné de sa génération, Fred Bernard était destiné à devenir vigneron. Une crise d’adolescence passant, il bifurquera vers les Beaux-Arts, les voyages et l’écriture. Malgré ce rejet rituel d’une profession toute tracée, Fred Bernard gardera toujours l’amour du bon vin, grâce à un grand-père prolixe et cultivateur d’excellents nectars. Comme une respiration entre deux épisodes de sa saga en bande dessinée (la dynastie Picquigny-Love Peacock) et ses livres jeunesse avec François Roca, le Bourguignon consacre un album à cette relation étroite avec son aïeul vigneron.
Recueil d’anecdotes, de souvenirs de la vie près des vignes, l’épais volume (152 pages) ne se limite pas au plaisir des flots de raisins sur les papilles. Pour qui suit et lit les livres de Fred Bernard depuis une quinzaine d’années, « Chroniques de la vigne » est parsemé d’indices sur les sources d’inspirations de l’auteur. S’il n’est certes pas le plus intéressant des ouvrages de Fred Bernard du point de vue du dessin (décontracté jusqu’à la nonchalance) ou de la narration (les petites séquences s’enchaînent au gré de la mémoire, sans réel lien, si ce n’est le vin), le livre parle avec sincérité et générosité des choses de la vie, du lien familial, de l’ivresse ou de l’amour.
Dieu sait si le terme est galvaudé, mais la bande dessinée tient en Fred Bernard un authentique poète, dont l’œuvre fertile ressemble à une tablée accueillante. On referme chacun de ses livres en attendant impatiemment l’invitation au prochain festin.
(par Morgan Di Salvia)
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