Tous les prix n’ont pas la même valeur : l’avantage du Prix Artémisia est qu’il nous donne à lire chaque année un ouvrage qui apporte un regard féminin sur le 9e Art.
Cette diversité fondamentale nous entraîne à lire différemment les livres et, chose non négligeable, à intéresser davantage les lectrices à la bande dessinée. Outre la légitimité d’une représentation nécessaire de la création féminine, cet argument devrait sensibiliser les libraires à la mise en avant d’un prix qui en est à sa cinquième édition. Claire Braud succède en effet à Johanna Schipper, Tankxxx & Lisa Mandel, Laureline Mattiussi et Ulli Lust, respectivement lauréates en 2008, 2009, 2010 et 2011, un palmarès qui propose des univers singuliers et de qualité.
Quand on regarde de près l’album de cette nouvelle lauréate, on s’aperçoit d’ailleurs que le choix du jury échappe à la caricature d’une militance féministe castratrice. On parle bien ici d’une danse entre partenaires, un homme et une femme, au rythme du Mambo, avec cette question de fond : avec qui danser ?
Nous sommes dans une belle fable surréaliste à la Buñuel où l’on croise un tigre apprivoisé gardant la maison de la belle, un percepteur qui n’en revient pas d’être accueilli avec une poêle à frire, un danseur bodybuildé aux dents pointues qui l’empêchent d’embrasser... Toutes figures symboliques qui décryptent simplement la relation de la femme au monde.
" Dans ce premier album plein de fantaisie et d’humour subtilement subversif, l’auteure porte un regard original sur les relations hommes-femmes et fait appel, de rebondissement en rebondissement, à ce que l’imaginaire féminin peut avoir de plus singulier, chose toujours trop rare dans le monde si masculin de la bande dessinée" nous dit le jury du Prix Artémisia.
Rythme et grâce caractérisent en effet cet album aux qualités rares paru à L’Association.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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