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Claude Renard, d’un univers à l’autre.

Par Nicolas Anspach le 19 juillet 2011                      Lien  
Une exposition au Rouge Cloître à Bruxelles dévoile différents aspects du travail de l’auteur de {Métamorphoses}, une œuvre cosignée avec son ancien élève {{François Schuiten}}. Cet artiste qui a enseigné le dessin aux plus grandes pointures du 9e art a développé un pan de sa carrière dans le domaine de la scénographie et la création de costumes de spectacles de grande ampleur le plus souvent conçus par {{Franco Dragone}}.

Claude Renard a publié quelques rares albums de bandes dessinées, notamment en compagnie de son complice et ami François Schuiten. Professeur à Saint-Luc à Bruxelles où il a créé l’Atelier R, il a permis à de nombreux talents d’éclore dans le revue Le Neuvième Rêve. François Schuiten, Benoît Sokal, Alain Goffin, Philippe Berthet, Philippe Francq, Frédéric Bézian, Andreas furent notamment ses élèves. L’homme a depuis délaissé la bande dessinée pour mettre son imaginaire et son goût du rêve, au service d’autres d’univers utopiques et fantasmés, ceux du monde du spectacle. L’exposition du « Rouge Cloître », à Bruxelles, présente jusqu’au 24 juillet prochain quelques-unes de ces facettes méconnues.

Dans son parcours, le visiteur est plongé d’emblée dans le surréalisme et l’onirisme, qui caractérisent le travail de Claude Renard. La première salle de l’exposition montre les illustrations qu’il a faites sur le thème de l’eau et des constructions urbaines qui trouvent leur équilibre dans l’élément aquatique.

Pour la première fois, Claude Renard présente ses « hybrides », des sculptures faites à partir d’éléments récupérés dans les marchés ou des pièces de vieux outils. Souvent, elles représentent des moyens de locomotion imaginaires : « J’ai toujours aimé assembler une chose avec une autre, nous dit-il. Je marche en regardant le sol, pour ramasser des bouts de bois, des cailloux. Je prends des éléments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et je les assemble afin de voir quelle réaction cela va me provoquer. J’essaie, jusqu’à ce que je parvienne à créer des objets aberrants, incompatibles, utopiques. » Une démarche qui s’inscrit dans la logique d’une exposition sur Galilée, où Claude Renard avait inventé des sphères armillaires à partir de vieux fossiles et autres objets hétéroclites. Les esquisses dessinées pour ces hybrides, puis leur représentation en 3D, permettent au visiteur de l’exposition de comprendre leur logique utopiste.

Claude Renard, d'un univers à l'autre.
Claude Renard et l’un de ses hybrides
(c) Nicolas Anspach

L’exposition se poursuit avec des images sur le thème du voyage, puis laisse la place à ce qui va caractériser les dernières années de création de Claude Renard : le spectacle. Le monde du cirque est mis en lumière par des illustrations faites pour le Cirque Baroque.

Plus loin, on découvre enfin le travail de scénographe et de costumier de l’artiste pour le théâtre. Des dessins faits pour L’Oiseau vert de Gozzi lui permettre d’assouvir son goût pour la Commedia dell’Arte : « J’aime inventer des costumes, nous confie-t-il. Mais par-dessus tout, je préfère créer des personnages. Je ne serais pas le premier à donner un physique à Pantalone, mais j’aime me laisser aller, et laisser courir mon imaginaire en dessinant les masques, des bijoux et d’autres éléments qui permettent de donner de la personnalité au personnage. J’essaie d’aller au-delà de ce que l’on attend de moi. Pour une pièce, par exemple, je devais dessiner un personnage qui porte une baguette magique. J’ai inventé, à travers mes dessins, une baguette-bijou, au look début de siècle, qui pouvait se camoufler dans l’avant-bras de l’acteur. Un mécanisme permettait de la faire sortir. Je lui avais également créé une cervelière en métal, avec une caméra à la place de l’un des yeux. On avait projeté sur écran ce que l’acteur voyait de ses propres yeux. C’est cette dimension de recherche et d’interaction qui m’anime dans le travail de scénographe et de costumier. »

Dessins pour les costumes du Rêve, spectacle de Franco Dragone. 2005
(c) C. Renard

Claude Renard ne conçoit pas que son travail s’arrête à ces ébauches graphiques : « Je me suis déjà rendu avec des couturières au Marché Saint-Pierre à Paris pour choisir mes étoffes. J’essaie d’être associé à toutes les étapes de la réalisation du vêtement. Il est important de savoir comment l’acteur va se sentir dans son costume car cela va lui permettre d’appréhender le rôle d’une meilleure façon. ».

Le théâtre permet à Claude Renard de changer d’univers facilement, d’aller d’une pièce d’Éric-Emmanuel Schmidt, à Gozzi, en passant par Marivaux ou encore Shakespeare. Ces collaborations ponctuelles ne durent que quelques mois, exceptées celles avec Franco Dragone. Claude Renard a travaillé quatre ans sur Le Rêve, pour lequel il a fait plus de 1300 dessins : « À nouveau, il me laissait explorer, inventer en toute liberté. Plus le dessin était fou et étrange, mieux cela lui convenait. Il étalait mes dessins sur une table et opérait sa sélection. J’avais dessiné une femme-fontaine, de l’eau s’échappait de son corps pour alimenter une coupelle. C’était typiquement le genre de chose qu’aimait Dragone. On a mis en place un mécanisme pour que ce dessin devienne réel. ».

L’exposition nous permet de mieux saisir ces instants créatifs où toutes les démesures sont possibles. Un rêve devenu réalité...

Dessin représentant "Les femmes fontaines"
(c) C. Renard




Claude Renard devant les costumes d’un spectacle de Franco Dragone
(c) Nicolas Anspach

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

L’exposition dure jusqu’au 24 juillet :

Rue de Rouge-Cloître, 4
1160 Auderghem (Bruxelles)
Tél. : + 32 (0)2 660 55 97
info@rouge-cloitre.be

 
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