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Cocaïne et chaussons blancs - Par Eugénie Lavenant - Editions Matière

Par Beatriz Capio le 7 juillet 2010                      Lien  
Cocaïne et chaussons blancs « raconte » la trajectoire d'une chanteuse à la dérive, bonne cliente des tabloïds et des cliniques de désintoxication.

Composé de portraits, légendés ou non, dessinés d’après photos, voire décalqués, le livre invoque l’image d’Amy Winehouse et ses frasques, telles que rapportées par les journaux à scandales britanniques. L’auteure travaille les clichés du personnage de fiction publique, et fait écho à sa mythologie à travers ses commentaires narquois et détachés.

Le talent certain d’Eugénie Lavenant s’illustre régulièrement dans les pages de Rock & Folk [1], ou plus récemment à travers l’exposition itinérante Des Jeunes Gens mödernes, promue par la fondation Agnès B., qui s’est établie à Paris, puis à Hong Kong, et enfin en Mai et Juin de cette année à Bruxelles [2]. On trouvait ses travaux aux côtés notamment de ceux de Pierre la Police, Enki Bilal, ou Bazooka, dont l’influence est patente, au point d’en être gênante. Les raisons qui ont poussé Jean-François Sanz, commissaire de l’exposition à inclure une auteure dont le travail n’appartient pas à l’époque représentée, et qui de toute évidence la pastiche sans véritable recul sont mystérieuses. Celles qui ont amené les exigeantes éditons Matière [3] à publier le présent livre le sont tout autant.

Cocaïne et chaussons blancs - Par Eugénie Lavenant - Editions Matière
Pas beaucoup plus qu’une fascination pour la bad girl londonienne
© Eugénie Lavenant - Editions Matière

On pense bien qu’il y a ici prétention à la distanciation, à la dissection de ce produit particulier de la « société du spectacle » dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles depuis que Guy Debord à inventé la formule. Force est de constater cependant que le livre se referme sur lui-même. L’auteure se satisfait de juxtaposer, sans apporter du sens, si ce n’est par accumulation, et donc overdose, les portraits de l’icône déchue. Pas plus que les paparazzis et leurs lecteurs voyeurs, Eugénie Lavenant ne parvient pas à expliquer pourquoi elle s’attarde sur la personne d’Amy Winehouse, sinon pour observer son auto-destruction, et ses addictions branchées. Toute choses qui font généralement grimper la côte des artistes... et de ceux qui en parlent.

Un sens de l’esthétique et des justifications conceptuelles ne suffisent pas à faire un livre digne de ce nom. Rappelant la psychologie de boîte à partouze du grand cocaïnomane Andy Warhol, le livre se refuse toute articulation dialectique ou poétique, et fleurte avec la tautologie, le catalogue complaisant, la complète inanité.

(par Beatriz Capio)

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[1dirigé par Philippe Manoeuvre, qui fut en son temps à la tête de Métal Hurlant

[2dans les différentes boutiques Agnès B., ainsi qu’à l’Espace Art 22 à Bruxelles

[3qui éditent notamment l’oeuvre de Yûiji Yokoyama

Matière ✏️ Eugénie Lavenant
 
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5 Messages :
  • Un sens de l’esthétique et des justifications conceptuelles ne suffisent pas à faire un livre digne de ce nom.

    On peut même se demander quel est ce sens de l’esthetique ici : faire la même chose en beaucoup moins bien de ce qui existe déjà (Bazooka, évidemment), quel interêt, quel sens ?
    C’est vide, Levanant n’a aucun univers propre, et c’est criant dans Rock&Folk où elle se retrouve à côté des illustrations des Marie Meier et surtout Thierry Guitard (les 2 autres illustrateurs attitrés) qui ont eux leur vrai univers (tatoos et gothique pour l’une, Charles Burns et les gravures rebelles -Lynn Ward etc- pour le second) mais qui ont su dépasser leurs influences, c’est obligatoire d’en avoir et c’est aussi necessaire de les dépasser : la comparaison est vite faite...

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    • Répondu par Oncle Francois le 9 juillet 2010 à  22:20 :

      Effectivement, cela rappelle des BD parues dans métal hurlant, ou l’echo il y a prés de trente ans (dessins décalqués d’après photos). Quel intéret ? Le fait que l’auteure fasse partie des happy few branchées ne change rien à la donne...

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      • Répondu par Malo le 10 juillet 2010 à  08:50 :

        Le dessin décalqué d’après photo n’est pas forcement dénué d’interets ( frederic Boilet, Christophe Bec) encore faut-il avoir du talent pour interpreter le support ce qui n’est aucunement le cas d’Eugénie Lavements.

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        • Répondu le 10 juillet 2010 à  22:35 :

          Eugénie Lavements

          La-men-table ! Honte à vous !!!

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  • Eugénie Lavenant est une hype des nuits parisiennes, elle se pose en "artiste" underground et cotoie tout le petit monde des médias, alors ça lui ouvre des portes. Ce qu’elle fait est nul ? Oui, mais c’est une "artiste" comprenez-vous, ya un concept t’vois, c’est contemporain, c’est génial elle décalque des photos.

    Bien que pas toujours d’accord avec ce qu’écrit Beatriz Capio, mais je trouve qu’elle écrit très bien.

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