Cœur glacé - Johan De Moor et Gilles Dal - Le Lombard

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La famille, la santé, le boulot, l'argent... Tout va mal pour le narrateur de cet album qui se signale comme le plus déprimant de cette rentrée 2014.

Gilles Dal est un humoriste plutôt apprécié en Belgique en dépit qu’il soit bardé de diplômes de la Sorbonne et de l’EHESS glanés dans le 6e arrondissement de Paris. On le connaît notamment par Le Jeu des Dictionnaires sur la Radio Télévision Belge et par ses chroniques dans la presse qui vont de La Libre Belgique à la rubrique du Docteur Speculoos dans Spirou. C’est son copain Frédéric Jannin qui lui permet de faire son entrée dans la bande dessinée avec deux albums chez Fluide Glacial (Malaise Vagal et Problèmes de connexion) et deux autres chez Dupuis (300 millions d’amis et Toi+Moi.org). Il aligne ensuite trois autres titres avec Philippe Bercovici, toujours chez Dupuis (Chers Voisins, Vie et mœurs de l’agent immobilier et l’adaptation en BD de la série Fais pas ci, fais pas ça).

On voit bien, à l’énoncé de ces titres, que ses centres d’intérêt sont plutôt éclatés, à l’image de l’homme moderne dont l’hémisphère gauche est régi par la TV et l’hémisphère droit par Internet. Sa réflexion est sans fin, empreinte de désillusion : la vie, la mort, le couple (qui bat de l’aile), le boulot (chiant), la politique (de gauche), le fric (aliénant), l’actualité (désespérante), la condition humaine (navrante), le tout entremêlé de considérations aussi épuisantes qu’une logorrhée de Michel Onfray sur France Culture.

De cet humour sans aucune fraîcheur, Johan de Moor fait ce qu’il peut, multiplie les volutes graphiques, les citations, les références, les contrepoints grimaçants. Les images sont parfois splendides. Mais rien ne peut dérider notre dépressif : ni la philosophie, ni la religion, aucune idéologie, pas même le cynisme... Tout cela finit dans le barbiturique du néant.

Voilà où nous en sommes en cette rentrée 2014 : même les humoristes dépriment. Ça promet.