1932. L’Amérique est en pleine dépression économique. L’écrivain Robert E. Howard, pilier du mythique magazine Weird Tales, cherche l’inspiration. Il propose à l’éditeur une série de nouvelles qui sentent le souffre, la violence, le sang et le sexe. Le succès est immédiat. Conan est né, précurseur des supers-héros qui divertiront bientôt les lecteurs.
Glénat lance cette année une adaptation de l’intégralité des nouvelles publiées, sous l’égide de Patrice Louinet, grand connaisseur de l’œuvre originale (il prépare une thèse sur le sujet). Pour commencer, deux titres sont publiés simultanément : La Reine de la côte noire par Jean-David Morval et Pierre Alary, dont vous pouvez lire la chronique sur ActuaBD, et Le Colosse noir, par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat.
Chaque histoire peut être lue indépendamment, elles n’ont pas d’ordre chronologique. Dans Le Colosse noir, nous découvrons un Conan mercenaire qui, le hasard faisant bien les choses, se retrouve malgré lui général d’armée. Loin de l’image de la brute sans cervelle, il est amené à user de diplomatie et de stratégie pour mener son combat à bien. C’est cela qui a plu aux auteurs lorsqu’ils ont du choisir la nouvelle à adapter.
Le récit est court, dense, intense. Comme dans La Reine de la côte noire, le découpage est dynamique, ouvrant de nouvelles pistes de narration et donnant un véritable souffle épique à l’ensemble de l’album. Nous vous recommandons particulièrement les pages du grand combat opposant les deux armées, pages 50 à 55. Un travail d’orfèvre. Le reste de l’album n’est pas en reste et la mise en couleur participe pleinement à l’atmosphère.
Le scénario est court et la rencontre finale trop rapide et trop facile pour le Cimmérien. Howard écrivait lui-même qu’il s’était laissé aller à des facilités et que le texte ne devait pas être trop long pour être publié dans le magazine. Il ne faut toutefois pas bouder son plaisir. Conan a été et est toujours une source d’inspiration majeure pour un grand nombre d’auteurs de fantasy, au même titre que l’œuvre de JRR Tolkien.
Conan est avant tout un survivant. Parcourir les déserts brûlants et les plaines glacées avec lui, combattre, aimer, en un mot : vivre, que demander de plus ?
(par Jérôme BLACHON)
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