C’est l’avantage de la littérature de genre. Méprisée par les autorités morales et intellectuelles, elle permet à ses créateurs d’expérimenter impunément, sans que l’on vienne tempérer leur ardeur.
Chaque lecteur a ses préférés dans ces morceaux de bravoure qui ressemblent un peu à ces pièces de virtuosité qui permirent à la musique classique du XVIIIe siècle, jusque là confinée dans les salons, à accéder aux salles de concert. La bande dessinée et le cinéma, puis la TV, à la suite de la littérature toujours bien active sur ce segment de marché, un "genre" à part entière, au point qu’il ne décroche plus de la liste des best-sellers.
Voici les virtuoses du genre, expérimentateurs audacieux, comme Alex Toth capable d’encombrer une Une avec une titraille envahissante ,Steve Ditko qui tisse son étrangeté dans un glacis de doubletone, Reed Crandal qui rend hommage au père-fondateur Edgar Allan Poe... À chaque fois, le frisson vous grimpe à l’échine.
Ces "lugubres légendes" s’achèvent sur une étude de Bernard Joubert montrant l’influence de Creepy sur ses peu scrupuleux plagiaires. On y trouve aussi des notices bien renseignées sur les principaux auteurs et surtout une galerie de couvertures éclatantes signées Frazetta, Adkins et Morrow.
De la belle ouvrage.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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