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Crimes de papier : Retour sur l’affaire Papon - Par Johanna Sebrien & Jean-Baptiste B - Actes Sud - L’An 2

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 septembre 2012                      Lien  
Le 2 avril 1998, la cour d'assises de la Gironde condamnait Maurice Papon, ancien ministre du budget dans le gouvernement de Raymond Barre, préfet de police de Paris au moment des répressions sanglantes en 1961 et 1962, à une peine de dix ans de réclusion criminelle, d'interdiction des droits civiques, civils et de famille pour complicité de crimes contre l'humanité pour son rôle sous l'occupation allemande entre 1942 et 1944.

Cette condamnation vaut surtout pour le symbole : l’homme a alors 78 ans. Elle signe la fin d’une impunité organisée autour de l’idée que l’État français n’était pas responsable de la déportation des Juifs et de leurs enfants vers les camps de la mort nazis. L’ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde était un haut fonctionnaire, rouage essentiel d’une chaîne de responsabilités qui aboutit à l’un des crimes les plus monstrueux de l’histoire, un crime contre l’humanité.

Sous l’occupation, comme secrétaire général du préfet régional de Gironde, Maurice Sabatier, il devient un collaborateur zélé jouissant d’importantes responsabilités. Il les exercera notamment dans la déportation de juifs, de résistants, de communistes. Près de 1600 juifs sont embarqués vers des convois qui les mènent d’abord à Drancy, ensuite à Auschwitz.

Ayant rendu des services à la résistance, Papon arrive à échapper à l’épuration et effectue ensuite une brillante carrière administrative : Chef de cabinet du secrétaire d’état à l’intérieur, préfet de Corse puis de Constantine, secrétaire général de la Préfecture de Paris, secrétaire général du protectorat du Maroc, Préfet de police à Paris organisant les répressions policières sanglantes de 1961 et de 1962, puis politique : Maire de Saint-Amand-Montrond (Cher), président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, puis ministre dans le troisième gouvernement de Raymond Barre.

Le 6 mai 1981, entre les deux tours des Présidentielles qui verront la victoire de François Mitterrand, Le Canard enchaîné révèle, dans un article intitulé « Quand un ministre de Giscard faisait déporter les Juifs », son rôle dans la déportation des Juifs bordelais. Il est inculpé en 1983 et son procès durera 17 ans. Il est finalement condamné, sa Légion d’honneur lui étant retirée.

C’est ce long parcours que relatent Johanna Sebrien & Jean-Baptiste B dans leur ouvrage. Le récit part du point de vue des victimes, montre la chape de plomb qui pesait dans l’après-guerre sur les responsabilités de l’État français pendant l’occupation.

Écartant le juridisme, les auteurs n’évitent cependant pas les longs monologues de prétoire. Le dessin de Jean-Baptiste B découpe les volumes au scalpel, réussissant quelques belles pages en noir et blanc. Il obtient quelques jolis effets de lumière, éblouissants comme la vérité.

Crimes de papier : Retour sur l'affaire Papon - Par Johanna Sebrien & Jean-Baptiste B - Actes Sud - L'An 2
Crimes de papier : Retour sur l’affaire Papon - Par Johanna Sebrien & Jean-Baptiste B
(c) Actes Sud - L’An 2

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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