En nous proposant de revenir sur quelques grands disparus, dBD nous ramène à une vérité souvent bien cruelle. À l’image d’autres domaines, le monde de la BD met régulièrement en avant un certain nombre d’auteurs, révèle de nouveaux talents qui, au fil du temps, finissent parfois dans l’oubli, voire l’indifférence. Difficultés à trouver un éditeur, éloignement des têtes de gondoles, disparition progressive des médias, derniers exemplaires chez les bouquinistes, avant de faire la une de la rubrique nécrologique !
Il serait évidemment facile d’expliquer les raisons de l’éclipse de ces auteurs aux seules conséquences d’une surproduction incontrôlée. Nombre de dessinateurs, pour de multiples raisons, se retrouvent ainsi à l’arrière-plan malgré des projets et un talent toujours présents.
Comès a fait partie de ces auteurs discrets injustement écartés des projecteurs qui ont néanmoins marqué leur époque. S’il n’est pas tombé (totalement) dans l’oubli, force est de constater que l’auteur de Silence ou d’Eva aurait mérité une plus juste reconnaissance. Si l’info qui circule sur Internet par exemple est plus soucieuse d’immédiateté au risque de sombrer dans la volatilité, le format papier remplit son rôle en prenant le temps de revenir sur les événements et les hommes avec prudence et précaution.
C’est l’un des thèmes du dBD de ce mois consacré notamment à Didier Comès et …quelques autres.
Ted Benoit fait partie avec Joost Swarte ou Yves Chaland de ces auteurs qui dans les années 1980 révélèrent la Ligne Claire avec brio jusqu’à ce que les éditeurs (et peut-être les lecteurs !) se lassent ou passent à autre chose. Comme Comès, Ted Benoit a profondément marqué le paysage éditorial. La parution d’un recueil de ses principaux travaux chez Champaka nous fournit l’occasion de revisiter l’œuvre du père de Ray Banana.
Et Willem pas encore disparu ? Faudrait-il que le dessinateur humoriste, critique, journaliste, auteur de plus de 40 albums, disparaisse de la circulation pour que l’on accepte enfin de reconnaître son talent ? Henri Filippini n’hésite pas à aller à la rescousse (si c’est vraiment nécessaire) du président du prochain festival Pas encore disparu, Willem ? C’est apparemment tout ce qu’on lui reprochent certains.
Mathieu Lauffray (Long John Siver, Dargaud), Marie Moinard (Éditions Des ronds dans l’O), Jack Manini(La Guerre des amants, Glénat), ne risquent sans doute pas de disparaître de sitôt ; la revue de Frédéric Bosser s’emploie avec une belle énergie à leur donner de l’actualité.
Si c’est l’une des raisons d’être de la revue, ce n’est pas la moindre et c’est tant mieux !
(par Patrice Gentilhomme)
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