Futur proche, les USA sont plongées dans une seconde guerre civile opposant le gouvernement américain aux États libres du New Jersey, représentant l’Amérique moyenne. Au milieu, Manhattan, Zone DéMilitarisée, DMZ, totalement hermétique et abandonnée. Matty, unique reporter dans la zone vit et partage le quotidien ultra-violent de ces milliers de New-Yorkais livrés à eux-mêmes.
Depuis quelques temps, la DMZ est en émoi. La Trustwell Inc. s’est vue attribuer par le gouvernement la charge de la reconstruction de Manhattan. Lorsqu’à peu près tous les habitants désapprouvent cette décision, certains choisissent la voie du terrorisme. Sentant la magouille à plein pif, Matty décide de s’infiltrer afin de confondre la Trustwell pour sa corruption et des abus de violence de leur "milice".
Brian Wood nous sort encore une fois un scénario bluffant. L’intelligence de l’intrigue nous réjouit de son début musclé à sa fin pleine de révélations. Une grande part du récit se concentre sur l’extrémisme et le fonctionnement d’une cellule terroriste en réponse aux abus de sociétés sans foi ni loi. Puis après avoir flirté avec la plus grande peur américaine, Wood complique l’ensemble en politisant le conflit et dévoilant une réalité bien moins naïve.
Le dessin de Ricardo Burchielli suit sa ligne directrice initiale. Style anguleux et nerveux, toutes les cases présentent au choix, des gueules cassées ou un environnement crade et détruit. Les couleurs légèrement passées et chaudes renforcent cette sensation d’abandon de cette ville et de ses habitants. L’ensemble donne une fièvre omniprésente à ce New-York chaotique et plonge le lecteur dans la saleté jusqu’à la dernière page.
Alors qu’au précédent tome les médias étaient dans la ligne de mire des auteurs, celui-ci se concentre sur les sociétés mondiales surpuissantes et leurs influences politiques. Leur New-York dévastée encaisse et rend les coups à l’image de leurs personnages qui se battent pour elle. On sent un profond amour pour cette ville et ses habitants qui, malgré les difficultés, réussissent à développer une culture et une résistance unique.
On sort de cette lecture ravi et flatté de ne pas être pris pour un idiot et de voir des auteurs partager leurs peurs, leurs amours et leur vision de l’actualité. Une série qui a des choses à dire et qui semble loin d’en avoir fini avec la société américaine.
(par Mathieu Drouot)
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