Tout fraîchement sorti de prison, Mick Thorne se retrouve malheureusement à devoir payer une seconde peine à la société, en tant que serveur dans le bled de Watertown. Nul doute qu’il espère quitter cet endroit au plus tôt, de plus qu’il a promis de secourir la sœur d’un de ses codétenus, quoi qu’il lui en coûte. Étroitement surveillé par un agent de probation, il se résout à utiliser ce qu’il a de plus cher : ses poings et son flingue.
Afin d’obtenir un bon polar noir, il suffit de trois éléments : de l’action bien rythmée, des dialogues percutants, et des protagonistes capables du pire pour s’en sortir ! Damned répond présent car il possède toutes ces différentes qualités ! Les flingues ont davantage le droit à la parole car, comme pour tout récit du genre, les ennuis émergent à tout-va, et le héros a beau s’efforcer de trouver l’échappatoire, il s’enlise toujours plus profondément dans ses inextricables complications.
Aux commandes de ce récit complet, on retrouve le talentueux Steven Grant, scénariste prolifique en matière d’histoires sombres et dérangeantes. Lorsqu’on lit ses ouvrages, on saisit de suite son influence issue des albums de Torpedo du tandem Enrique Sanchez Abuli et Jordi Bernet. Malgré plusieurs décennies de décalage par rapport à Torpedo, Steven Grant parvient à gratifier de sa griffe personnelle ce one shot, notamment par des dialogues percutants, un scénario relevé et des protagonistes détachés de toute morale. Pour autant, Damned ne révolutionne nullement le genre, mais permet aux fans d’histoires glauques d’assouvir pleinement leur passion.
Au dessin, Mike Zeck effectue un travail en étroite harmonie avec la trame : gueules hachées et patibulaires, décors poisseux à souhait, et rythme effréné constitué de nombreux plans. Notons d’ailleurs que l’édition originale de ce titre est sorti en 2005, aux éditions Kymera.
Le duo Steven Grant & Mike Zeck prouve une fois encore leur efficacité en matière de polar, à la limite du bien et du mal. Les auteurs du Punisher se font plaisir et nous régalent avec un ouvrage qui cogne sec et canarde bruyamment. Au final, on ne peut que regretter qu’il n’y ait pas de suite.
(par Marc Vandermeer)
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