Initialement publiés dans le quotidien espagnol El Pais, les strips de Mauro Entrialgo traduisent une capacité à se mettre à distance de pratiques devenues quotidiennes pour beaucoup, et par là-même parfois difficiles à observer avec recul. En l’occurrence, ils décortiquent la vie quotidienne de ceux qui utilisent l’informatique en général, et Internet en particulier, en mettant en exergue ce que les geeks, amateurs de réseaux sociaux ou utilisateurs plus occasionnels effectuent machinalement, et souvent en dépit du bon sens. Ironique sur les apports supposés du « progrès », philologue sur leur novlangue, moqueur à l’égard des nouveaux tics comportementaux qu’elles introduisent, critique sur les comportements consuméristes de ceux qui veulent à tout prix du « neuf », Mauro Entrialgo parvient à restituer avec précision les dessous d’un monde cerné par les nouvelles technologies.
Le livre fait souvent sourire, car si on perçoit que l’humour de l’auteur est souvent pince-sans-rire, c’est bien parce que le lecteur s’y retrouve, et regarde à ce titre avec un œil complice ses propres turpitudes.
Mauro Entrialgo est un touche-à-tout artistique, puisque, outre une vingtaine de livres déjà publiés, il est le réalisateur d’un long métrage, de quatre pièces de théâtre et de plusieurs disques. Autant dire que c’est sans doute avant tout dans cette suractivité et les échanges qu’elle suscite qu’il a trouvé matière à alimenter cet ouvrage. Le dessin est assez simpliste, mais l’intérêt de l’album réside principalement dans la façon dont l’auteur photographie l’atmosphère de son environnement social.
Après Rafa Fonteriz, Nacho Casanova, Josep Busquet, Pere Mejan ou Aitor Eraña, Diabolo éditions poursuit ainsi l’importation et la traduction en France d’auteurs espagnols à succès dans leur pays d’origine.
(par Damien Boone)
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