À la suite du conflit idéologique qui a opposé Iron Man à Captain America, le pays de l’Oncle Sam est devenu un terrain de jeu difficilement praticable pour les amateurs de slips colorés qui ont fait le choix de rejeter la loi de recensement des super-héros et, ainsi, de vivre dans la clandestinité.
Pour contrer les idées anarchiques de ces sombres individus, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le gouvernement sollicite la formation d’une toute nouvelle mouture des Thunderbolts, groupe de méta-humains historiquement connu pour être constitué de personnages peu recommandables.
C’était sans compter l’esprit tordu et dérangeant d’un Warren Ellis qui reprend ici le concept et le pousse dans ses derniers retranchements en accueillant sous sa plume quelques-uns des plus grands tarés de l’univers Marvel !
Norman Osborn mène la barque à grands renforts de médocs régulant sa bipolarité et ses sautes d’humeur, Venom ne demande qu’à grignoter un passant ou deux, Bullseye nous sert de grands et profonds discours philosophiques sur la nature du meurtre, Moonstone flatte son ego et sa sexualité débordante, et Penance se tape la tête contre les murs.
L’Amérique peut dormir sur ses deux oreilles, de nouveaux héros veillent !
Ces dernières années, les passages de Warren Ellis sur des histoires de super-héros n’ont pas toujours donné lieu à un résultat des plus convaincants. Sur l’écriture des Thunderbolts, le moins qu’on puisse dire, c’est que le bonhomme sait se faire plaisir et capturer l’attention du lecteur.
Marvel offre au scénariste des jouets de choix qui se prêtent à la perfection à l’une des deux thématiques sur lesquelles nous sommes le plus en droit de l’attendre, car lorsqu’il ne s’agit pas de science-fiction et de transhumanisme, nous sommes sûr de retrouver le britannique acerbe sur du crade, de la critique sociale et du politiquement incorrect.
Pour l’aider dans sa tâche, Mike Deodato Jr. nous livre de superbes planches, que ce soit lors des nombreuses séquences d’action particulièrement violentes et survitaminées, mais surtout lors des longs portraits au cours lesquels les auteurs dépeignent avec brio l’état d’esprit et la montée en puissance dans la folie de chacun des personnages, des portraits souvent représentés sous forme d’entretiens au cadre rapproché et très intimiste qui parviennent à créer une certaine proximité malsaine avec le lecteur.
Passionnant et sans temps mort de bout en bout, cet album, qui emmènera plus tard l’idée des Vengeurs Noirs de Brian M. Bendis accompagné du même artiste, est sans conteste l’une des grandes réussites récentes de l’éditeur. Elle mérite d’être découverte ne serait-ce que pour la vision biaisée des codes de récits de super-héros qui y est appliquée.
(par Marco ZANINI)
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