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David Mazzucchelli, de Gotham City à Ithaca

Par Morgan Di Salvia le 23 août 2010                      Lien  
Alors que son dernier ouvrage {Asterios Polyp} s'apprête à paraître en français chez Casterman, retour sur le parcours singulier de David Mazzucchelli.
David Mazzucchelli, de Gotham City à Ithaca
Batman : Year One
© Mazzucchelli - Miller - DC Comics

Né en 1960 à Rhode Island, Mazzucchelli débute à l’aube des années 1980 comme dessinateur régulier du comics Daredevil des éditions Marvel. Il entame alors une collaboration avec Frank Miller qui culmine en 1987 avec Batman : Year One. En revisitant les origines du célèbre homme chauve-souris, Miller et Mazzucchelli se concentrent sur les personnages, les amenant vers des tempéraments plus humains. Batman : Year One reçoit un accueil critique exceptionnel. Plus tard, la série sera d’une influence déterminante sur le scénario du film Batman Begins de Christopher Nolan [1]. Après dix années consacrées aux super-héros, Mazzucchelli délaisse ce genre pour se consacrer à d’autres projets.

Après avoir créé son propre périodique Rubber Blanket, David Mazzucchelli s’attèle à une adaptation du roman Cité de Verre de l’écrivain new-yorkais Paul Auster. L’album, écrit en collaboration avec Paul Karasik, paraît en 1994. Dans les années qui suivent, Mazzucchelli se consacre à l’illustration (notamment pour The New Yorker) et à l’enseignement à la Rhode Island School of Design [2] et à la School of Visual Arts de New York City.

Asterios Polyp
© David Mazzucchelli - Pantheon Books

Au milieu des années 1990, les lecteurs français découvrent chez Cornélius deux livres crépusculaires, au vocabulaire graphique élaboré : La géométrie de l’obsession et Big man [3]. Il faudra cependant patienter plus de dix ans avant que Mazzucchelli ne revienne à la bande dessinée. En 2009, il fait paraître Asterios Polyp, son ouvrage le plus ambitieux à ce jour.

Récompensé par trois Eisner Award, lors du dernier Comic-Con de San Diego, le livre raconte comment un architecte de la Côte Est, aussi brillant qu’arrogant, voit sa vie voler en éclat le jour de ses cinquante ans. Bande dessinée magistrale, Asterios Polyp est une composition qui emprunte à l’architecture, à l’histoire de l’art et aux tragédies grecques. Un livre annoncé à juste titre comme l’un des sommets de la rentrée.

(par Morgan Di Salvia)

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En médaillon : portrait de David Mazzucchelli © Seth Kushner/Graphic NYC. Courtesy of www.nycgraphicnovelists.com.

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[1Qui sortira sur les écrans en 2004.

[2Ecole où il avait lui-même été élève.

[3Pour la petite histoire, Big man sera le dernier livre que les éditions Cornélius feront paraître en sérigraphie. Depuis ce titre, l’éditeur parisien travaille en off set.

 
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3 Messages :
  • David Mazzucchelli, de Gotham City à Ithaca
    23 août 2010 13:26, par Fred Poullet

    Il ne faut pas oublier de mentionner que le concept narratif de base de Asterios Polyp vient de certains dessins du grand Saul Steinberg.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Fred Poullet le 24 août 2010 à  08:49 :

      ... et que Batman year one, est un joli chef d’oeuvre, qui doit beaucoup graphiquement au génialissime Alex Toth. En lien : une histoire de Toth, Daddy and the Pie qui à servie de canevas pour le Big man de Mazzuchelli... Mazzuchelli, un homme de références.

      Répondre à ce message

  • David Mazzucchelli, de Gotham City à Ithaca
    27 août 2010 11:07, par la plume occulte

    La carrière du Mazz est exemplaire. Exemplaire et significative.

    Il a vraiment commencé sa carrière dans le super héros mainstream ;où son dessin très réaliste laissait entrevoir les influences de Alex Toth,Gene Colan,Al Williamson,Stan Drake,Neal Adams,et tout ces géants du strips art.Sa narration ( exceptionnelle de fluidité d’évidence)lorgnait du côté de l’influence Frank Miller ,lui même lecteur assidu de Will Eisner.

    Mais il a très vite trouvé ses marques, sa personnalité.Principalement au moment où il a assuré lui même l’encrage de ses planches( phénomène pas si courant au USA dans le mainstream super héros).Encrage où l’on se dit que le travail de Tom Palmer a du être un guide précieux.

    Un encrage brillant,à l’américaine- c’est à dire élément capital de la planche finie,de l’art de la BD:quand ici elle ne constitue qu’une simple mise au propre et que beaucoup de dessinateurs s’y ennuient.

    Un travail "étouffé" par une mise en couleur approximative.

    Mais très vite,Mazzucchelli a ressenti le besoin "d’évoluer",d’épurer son trait,de rogner le détail,d’aller presque vers l’abstraction, mais en gardant toujours le soucis narratif.Cette envie l’a "tiré" de plus en plus vers l’influence Alex Toth.Son Batman en est d’ailleurs significatif.

    Et puis il y a eu rupture.Monsieur Mazzucchelli tire un trait sur sa période super héros qu’il a contribué à renouveler.

    Il se dirige alors vers une conception "arty" de son travail.A tour de bras,il déconstruit son dessin,va vers le plus graphique ,la recherche pure.Il néglige la narration(l’art de la BD)au profit du design pur et l’illustration,- remarquez comme le profil de son personnage principal entre dans un cercle parfait lorgnant du côté de l’Homme De Vitruve" de Léonard De Vinci-

    A partir de là, une autre influence se joue.Celle de l’école de l’intouchable New Yorker.Antre prestigieux du graphisme novateur et son armada de dandy snob.

    Maintenant, un livre du Mazz ressemble au travail de ses confrères du fameux journal(tiens au fait,depuis quand le graphisme pur fait-il partie de l’art de la BD ?)

    Les Seth,Joe Matt,Chester Brown, Chris Ware, Daniel Clowes,les frères Hernandez ,Spiegelman...Dessin,design,imprimerie, couleurs ;à s’y méprendre vraiment.

    David Mazzucchelli:un homme sous influence QUI A SAUTE D’UN ACADEMISME A UN AUTRE.

    Oui mais là un académisme culturellement correct- sujet bobo au possible(ici au sens anglo saxon premier du terme:le yuppie)au conformisme redondant mais porteur-et tout le background qui va avec.

    La caution artiste (plus un vilain faiseur commercial).

    Des relais médiatiques prestigieux.

    Des expos hype et happy few.

    Un côté inoxidable et j’en passe...

    Malgré tout,Mazzucchelli est un très grand qui a su laisser son empreinte et gagner la reconnaissance et le respect des deux côté d’une barrière pourtant antagoniste.

    Même Erwann Chabane et Bastien Vivès n’auraient pas fait mieux...

    Ce qu’on attend maintenant de ce virtuose sous influence:c’est qu’il soit enfin lui même.

    Je vois chez nous un virtuose qui aussi se cherche:Benoit Springer.Qui après l’influence Frazetta/Mignola bave maintenant de concupiscence sur David Prudhomme.

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