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David Prudhomme : "J’aime transcrire les petits rites de la vie"

Par Nicolas Anspach le 15 février 2008                      Lien  
« {La Marie En Plastique} », de {{David Prudhomme}} et {{Pascal Rabaté}}, fut distingué par le dernier Festival de la BD d’Angoulême comme étant l’un des albums essentiels de l’année 2007. Nous revenons sur sa genèse avec son dessinateur.

La « Marie en Plastique » met en scène un couple dans une famille populaire française qui vit avec l’un de ses parents. La grand-mère bigote revient de Lourdes avec une représentation de la Vierge en plastique. Elle s’empresse de mettre la sainte icône sur la télévision. Son mari, qui déteste les curés, exige aussitôt de pendre une photographie de Lénine derrière la statue. Pour préserver le bon ordre dans cette famille réunissant trois générations sous le même toit, le vieil homme obtient gain de cause auprès de sa progéniture. Quelque temps après, la Marie pleure des larmes de sang…


David Prudhomme : "J'aime transcrire les petits rites de la vie"
La "Marie en Plastique", l’intégrale

Comment est né ce diptyque » ?

Il y a une dizaine d’année, Pascal Rabaté et moi, nous nous étions rencontrés dans un festival de BD à Beauvais. Nous avons fait connaissance lors d’une soirée Dalida ! Nous avons décidé de travailler ensemble sur des albums de douze pages pour les éditions Charrette. Nous revisitions le principe des fameuses Histoires de l’Oncle Paul au travers du regard d’un enfant teigneux qui croit tout savoir ! Nous nous sommes vus plusieurs fois, et avons fini par devenir amis. Pendant huit jours, nous avons été à la pêche ensemble, sur le bord de la Loire. Nous n’avons récolté que huit poissons. Cette maigre pêche nous laissait le temps de parler. Pascal m’a raconté cette histoire qu’il avait en tête depuis longtemps…

Qu’est ce qui vous a séduit ?

La proximité avec les gens. La Marie en Plastique se déroule en Loire là où nous avions passé ces quelques jours ensemble. Je suis né dans cette région, et nous venons tous les deux du même terroir. Nous avons eu rapidement des affinités. Et puis, j’aime dessiner et raconter les petits rites de la vie.

Vous mettez en scène deux personnes âgées et leurs enfants. On se demande ce que ces deux vieux font encore ensemble. Lui est communiste et elle, complètement bigote.

J’imagine leur parcours au travers le siècle dernier. En 1950, à l’époque où le communisme rayonnait, il devait se montrer triomphant. Nous les mettons en scène à notre époque. Leur famille est confrontée à un évènement exceptionnel : une Marie en plastique, ramenée de Lourdes, qui pleure des larmes de sang. Cela entraîne des tensions, mais l’équilibre familial se rétablit assez rapidement. Ils sont issus d’une époque où l’on restait ensemble quoi qu’il advienne…

Pourquoi avoir souhaité que cette Marie soit plastique, et pas dans un matériel plus noble ?

C’est l’objet typique que certains Chrétiens ramènent de Lourdes. Elle est symbolique. Mais c’est plutôt le fait de la mettre sur la télévision qui peut paraître mystérieux. Pascal a un certain goût pour le kitsch. Ce n’est pas une vision moqueuse. Cela reflète son amour pour les petits objets auxquels on s’attache…

Qu’est-ce qui, selon vous, caractérise l’écriture de Pascal Rabaté ?

L’efficacité, la concision, la rapidité, mais aussi surtout la capacité de sentir ses personnages et de les incarner. Et puis, sa drôlerie et son sens de l’humour.

Extrait de la "Marie en Plastique"
(c) Prudhomme, Rabaté, Futuropolis.

Pascal Rabaté est un auteur complet. Intervient-il beaucoup dans la mise en scène ?

Son regard est fort important. Il m’est très agréable de travailler avec un scénariste qui donne le ton de l’histoire au dessinateur. Je lui montrais mes crayonnés. Le temps que demande la réalisation graphique d’un livre est beaucoup plus long que celui consacré à l’écriture. Il avait donc plus de recul sur l’histoire, sur notre travail. Lorsque nous nous rencontrions, les évidences apparaissaient immédiatement. Nous avons remodelé le scénario, surtout pour la deuxième partie qu’il a fallu rééquilibrer.

Vous réalisez un livre en solo pour Futuropolis …

Oui. Il sortira fin 2009, voire l’année d’après. J’en suis encore à la période de rodage, et n’ai réalisé que dix planches, alors qu’il en comptera une centaine. J’aime rechercher le bon tempo, le bon ton avant de commencer une histoire. J’essaie, à chaque fois, de m’adapter, de repenser mon découpage, de faire évoluer mon encrage selon le récit. Cette période est parfois un peu longue, mais indispensable. Ce livre racontera le parcours d’un groupe de musiciens de rébétiko (musique grecque) face à un pouvoir autoritaire…

(par Nicolas Anspach)

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Code EAN :

David Prudhomme sur actuabd.com, c’est aussi les chroniques :
- du T2 de la Marie en Plastique
- de la Tour des Miracles

Et aussi : Angoulême 2008 : Un palmarès pertinent, malgré tout

Photo en médaillon : (c) Nicolas Anspach

Futuropolis ✏️ David Prudhomme
 
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