Messieurs de Villalobos et Maupertuis et leur fidèle Eusèbe recherchent le légendaire maître d’armes, seul capable de protéger le roi d’un coup d’état du prince Jean. Talonné par le sinistre marquis des Trois Cratères, le trio va s’embarquer dans une quête épique qui le mènera jusqu’aux confins des mers lunaires, au cœur de la Face Cachée, là où rôdent les chimères...
Série hors du commun, De Cape et de Crocs se distingue par sa rythmique et son verbe. Les personnages s’affrontent en « rixmes », néologisme désignant un duel verbal. Les dialogues truculents et succulents d’Alain Ayroles sont hérités de la tradition théâtrale du XVIIème siècle. Les deux héros sont des aventuriers dignes de la littérature romanesque. Messieurs de Villalobos et Maupertuis manient l’alexandrin aussi bien que l’épée. Le scénariste reconnaît volontiers avoir potassé les règles de versification pour corriger les erreurs des premiers albums. Désormais les alexandrins respectent l’alternance des rimes mâles et femelles et la césure à l’hémistiche ! On imagine aisément les difficultés pour faire rentrer des vers de douze pieds dans une case...
Aux crayons, Jean-Luc Masbou réalise des prouesses. Il réussit à nous faire oublier l’absurdité de la situation : un renard et un loup capables de parler et vivant au milieu des humains et d’animaux normaux. L’apparence animale des deux héros rappelle l’esprit des fabulistes qui profitaient de cet artifice pour fustiger les travers humains.
Le dessinateur nous enchante par son trait et ses couleurs. Sa somptueuse couverture est à l’image de l’album : expressive, fine et théâtrale. L’acteur Guy Delorme, le traître systématique des films français de cape et d’épée des années 60, préface l’ouvrage et semble ravi d’avoir donné ses traits au méchant Mendoza. [1]
Un rideau tout blanc se referme sur ce VIIème acte. Fresque bondissante contée avec fluidité, légèreté et humour, De Cape et de Crocs est une série atypique revendiquant sa singularité. Espérons que l’entracte sera de courte durée...
(par Laurent Boileau)
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À vouloir utiliser des termes "obsolètes, parfois abstrus, mais nonobstant substantifiques", le dossier de presse délivré par l’éditeur se piège avec l’orthographe : "glossaire délicieusement surrané" s’écrit en bon français "glossaire délicieusement suranné". Avoir l’r ou ne pas avoir l’air, telle est la question...
Chronique du tome 6
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[1] L’acteur est décédé le 26 décembre 2005, quinze jours avant la sortie du tome 7.