En charge du titre depuis ses débuts en 2012 jusqu’à aujourd’hui, Gerry Duggan et Brian Posehn ont largement eu l’occasion de tenter des choses avec le chasseur de prime dissert. Cette fois, ils profitent de cette aventure pour s’amuser avec lui et amener le lecteur là où il ne s’y attend pas.
Dans un premier temps, ils nous offrent un savoureux retour dans les années 1970. Avec le dessinateur Scott Koblish ( Deadpool : l’art de la guerre), ils construisent une fausse aventure qui présente toutes les saveurs des comics de notre jeunesse « Strange », y compris la pigmentation des planches. L’ironie en plus (le méchant se fait quand même appeler « l’homme blanc »), on se délecte des looks, du machisme et de la naïveté de la production de l’époque, sans parler du plaisir coupable que l’on peut ressentir en revoyant les « héros à louer » de Luke Cage et Iron Fist, beaux comme des camions dans leur plus beaux décolletés jusqu’au nombril.
Après cette parenthèse groovy, la suite nous ramène au présent avec le graphisme beaucoup plus contemporain de Declan Shalvey et un ton largement plus sombre.
On y retrouve un Deadpool moins naïf. Toujours aussi loufoque, le personnage présente cette fois un humour chargé d’amertume et de regrets qu’il utilise souvent pour échapper à sa détresse.
De cette manière, Gerry Duggan et Brian Posehn explorent un nouvel angle pour traiter ce super-héros et surprennent en allant jusqu’à emprunter quelques pistes dramatiques dans leur scénario.
Deadpool est pourchassé depuis quelques temps par une organisation secrète qui le kidnappe régulièrement afin de lui ôter un membre ou un organe et de le relâcher dans la nature sans qu’il en garde le moindre souvenir. Son facteur auto-guérisseur remplaçant les parties manquantes, il n’a aucun moyen de se rendre compte de ce qui se trame. Cela était sans compter sur la présence récente dans sa tête de l’agent du S.H.I.E.L.D. Emily Preston (oui, l’univers Marvel nous offrira toujours ce genre de pépites scénaristiques) qui, elle, n’en loupe pas une miette.
Avec son aide, et celle de vieilles connaissances capables de se guérir très vite, il va tout faire pour mettre un terme à cette utilisation honteuse de son corps.
Un album bien réjouissant en somme qui ose sortir de sa zone de confort et de faire des expériences. Cela est suffisamment rare dans la production pour être applaudit et susciter la curiosité.
(par Mathieu Drouot)
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