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Denegerate Housewives : L’Intégrale - Par Rebecca - Dynamite (La Musardine)

Par Charles-Louis Detournay le 14 février 2016                      Lien  
Dynamite rassemble les récits publiés dans les cinq numéros de la série parue dans sa collection "Petit Pétard". L'occasion de découvrir 250 pages d'un univers qui joue sur le conformisme tout en maintenant un excellent niveau graphique... et à un prix modéré.

Bienvenue à Hillvale, une petite bourgade du Connecticut, où vit Catherine Michell, une femme au foyer comme il en existe tant d’autres. La vie d’Housewive peut être d’un ennui profond où la routine engourdit toute vie amoureuse et sexuelle. Mais en se confiant sa morne vie de couple à son amie Patricia, Catherine entreprend sans le savoir une véritable quête des sens et se découvre une libido tonitruante !

Désormais, finis les soap à la télé et les réunion Tupperware, les journées de Cathy sont alimentées par de dégoulinants et épuisants ébats sexuels avec ses voisines ou les amies de sa fille. Cette escalade libidineuse gagne même tous les femmes de la famille ! Mais le plaisir devient addiction, et pousse la MILF à prendre des risques ainsi qu’à franchir tous les interdits… jusqu’au jour où son mari Donald découvre sa double vie ! Divorcée derechef, Cathy est envoyé au sanatorium pour y surveiller son avidité lesbianosexuelle. Ses bonnes résolutions tiendront-elles lorsqu’elle sera libérée ? Même si elle tente de se cacher au fin fond de l’arrière-pays où résident des pestes dégénérées de la pop américaine ?

Denegerate Housewives : L'Intégrale - Par Rebecca - Dynamite (La Musardine)

Nous vous avions déjà présenté Degenerate Housewives dans un article précédent, mais cette publication en intégrale met si magnifiquement en avant le graphisme et l’anticonformisme américain de la série qu’il aurait dommage de ne pas s’y attarder !

Le paradoxe est effectivement au cœur de Degenerate Housewives : l’auteure Rebecca campe des mères de bonne famille à l’apparence puritaine aussi impeccable que leur mise en pli, mais qui se livrent à de torrides débats dès que leurs maris sont partis travailler. L’auteur innove en évitant le cliché du laitier ou du jardinier, pour aborder d’entrée de jeu des plaisirs lesbiens qui disposent d’une cargaison d’accessoires de toutes dimensions (merci Internet) !

Si le vernis craque dès les premières pages, Rebecca ne s’arrête pas en si bon chemin dans sa quête du plaisir infini. Son dessin qui bénéficie d’un graphisme, si l’on ose dire, si léché, tranche avec les thématiques qu’elle aborde : une éducation sexuelle très déviante, des ébats avec une sœur enceinte, jusqu’à se moquer ouvertement des starlettes de la pop américaine qui semble cultiver des airs de sainte Nitouche, sans oublier les fermières de base orientées vers une traite bien particulière...

On l’a donc bien compris, Rebecca ne s’autorise aucune limite. Mais qui est cette auteure qui passe le conformisme américain à la moulinette ? Une énigme ! On ne sait même pas si un homme ou une femme se cache derrière ce pseudonyme. En mai dernier, Christian Marmonnier levait pourtant un coin du voile en publiant une interview sur le site BD-adultes.com.

En voici, un extrait : « Ayant grandi dans les années 1960, c’est donc la période qui m’a constituée, et c’est ma plus grande source d’inspiration. J’adore tous les filles sexy, connues ou moins connues, de ces années-là, comme Yvonne Craig [qui incarna Batgirl dans la série TV Batman], Liz Montgomery [l’héroïne de Ma sorcière bien-aimée], Diana Rigg [Emma Peel, dans Chapeau melon et bottes de cuir], Stephanie Powers [Annie, agent très spécial], et ainsi de suite, je pourrais en fait continuer cette liste indéfiniment. Les coiffures, le maquillage, la mode, j’aime tout de cette époque.

Une des illustrations (ici tronquée) qui séparent les courts récits de la série

Pour ce qui est de la bande dessinée, et depuis que je suis en âge de dessiner des femmes, mes influences majeures sont Kurt Schaffenberger et Wally Wood. Les filles que ces deux-là imaginaient étaient si sensuelles que les lecteurs dont je faisais partie avaient presque envie de les toucher. Mais j’apprécie aussi beaucoup l’art de John Romita, de Russ Manning, de Stan Drake [parmi les] nombreux autres artistes qui ont été des tuteurs pour beaucoup de dessinateurs, et dont le travail m’a servi. »

Plus loin, on en apprend sur ses obsessions : « J’ai toujours adoré l’archétype de la ménagère sexy. Ayant grandi avec Donna Reed, Laura Petry (Mary Tyler Moore), Barbara Eden et d’autres femmes de ce calibre, vous pouvez aisément comprendre ma fascination, non ? Cette fascination s’est exercée enfant, a continué durant mes années de formation, et ensuite à l’âge adulte. Les filles désirables de l’art classique de la pin-up, croquées par Gil Elvgren et d’autres artistes contemporains, m’ont toujours évoqué des figures plus banales : l’épouse, ou la petite amie de quelqu’un. Les MILF et les Teens (ados) sont des sujets très populaires aux États-Unis. Allez comprendre ! »

Outre sa démarche thématique, Rebecca se distingue par son graphisme. Inspiré par les auteurs et les actrices précités, son dessin soigné est l’atout majeur de la série. Sa ligne claire se marie avec d’habiles jeux d’aplats noirs qui apportent autant de réalisme que de sensualité aux ébats amoureux. Sans se concentrer sur des gros plans thématiquement pauvres, Rebecca entremêle des corps aux lignes sculpturales et se concentre sur les émotions ressenties par les personnages.

L’auteure ne maintient pourtant pas le même niveau de qualité au long des deux-cent-cinquante pages. Les deux derniers récits de l’intégrale (tirés donc de Degenerate Housewives T. 5) utilisent d’ailleurs des dégradés de gris qui ne convainquent pas autant que sa technique traditionnelle dans la ligne claire. Heureusement, le lecteur reçoit en bonus de magnifiques illustrations que l’éditeur a presque toutes reprises des Petit Pétard précédents.

Si l’on fait exception de quelques déviances incestueuses boderline et quelques essais graphiques ratés, cette intégrale surprend et fascine, portée par un magnifique graphisme. Ne vous laissez d’ailleurs pas tromper par les mises en couleurs criardes des couvertures : le noir et blanc de Rebecca ne vous laissera pas de marbre !

Un extrait du cinquième tome où l’auteure joue avec des nuances de ... gris !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Bande dessinées pour adultes

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Lire notre article Denegerate Housewives & Jungle Fever : les Petits Pétards de Dynamite

Visiter le site de l’auteure et lire son interview réalisée par Christian Marmonnier sur le site BD-adultes.com

 
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