Seinen manga en quatre tomes publié au Japon entre 2014 et 2017, il s’agit de la première œuvre originale de Yû, connue chez nous pour l’adaptation manga des Enfants Loups, Ame & Yuki, film d’animation de Mamoru Hosoda, publiée par Kazé Manga.
Le premier contact avec Dernière Heure évoque indubitablement Larme Ultime, le célèbre manga de Shin Takahashi, dont nous retrouvons le contexte et les principaux enjeux narratifs : un Japon pris dans une « drôle de guerre », avec un front éloigné de certains centres urbains, permettant de maintenir un semblant de vie ordinaire et d’installer une situation paradoxale pour les personnages, le tout dans un récit raconté à hauteur d’enfants.
La différence tiendra ici à ce qu’il ne sera pas question d’une grande histoire d’amour tragique cristallisant l’intrigue, mais de la vie des élèves d’une école de campagne, de leurs peurs, de leurs désirs et de leurs amours.
Cela fait cinq années que le Japon est en guerre. L’ennemi serait d’origine extra-terrestre mais peu d’informations arrivent jusqu’à la petite île isolée et rurale où vivent Saku, jeune collégien, et ses camarades de classe. Leur quotidien est synonyme d’ennui et seuls la frustration des repas trop sommaires et le peu d’adultes présents leur rappellent qu’ils sont en guerre, ainsi que la présence de Reina, élève récemment transférée car sa ville natale a été détruite.
Leur morne quotidien se trouve pourtant un jour bouleversé lorsqu’on leur annonce que désormais chaque vendredi, à la dernière heure de cours, un ou deux élèves seront désignés pour partir sur le « continent » combattre durant le week-end !
Le plus étrange sera que deux élèves sont exemptés sans savoir pourquoi : Saku, notre jeune héros, et Miyako, son amie d’enfance. Entre jalousie, frustration, injustice et amitié, le récit s’attache aux sentiments de ces jeunes filles et garçons qui attendent d’être appelés et, le cas échéant, ne savent pas s’ils reviendront vivants de ce terrible week-end.
Le récit ne s’attache pas simplement à explorer les traversées psychologiques de ses personnages et nous présente également cette drôle de guerre à travers le regard de ces enfants envoyés combattre, aussi perdus et curieux que le lecteur.
Ainsi, contrairement à Larme Ultime, et au vu des évolutions de l’intrigue dans le second tome, il semble que la guerre donnera lieu à une véritable résolution, ou tout du moins à la révélation de sa nature d’ici la fin du manga.
En attendant, le récit de Yû s’avère plaisant et intéressant à suivre, même s’il joue sur la recette bien connue de l’opposition entre les scènes de la vie quotidienne banale, représentée ici par la gestion d’un potager et les plats cuisinés par Miyako , et les quelques séquences sur le champ de bataille, violentes et angoissantes.
En soi rien de très surprenant pour le lecteur connaissant le genre, de même avec le graphisme de Yû très classique, mais l’ensemble demeure maîtrisé, avec un trait saisissant parfaitement les émotions de ses personnages, un découpage clair et des cadres propres et efficaces.
Une jolie série, pas très longue, qui a su capter notre intérêt et dont nous sommes curieux de connaître la suite et fin.
(par Guillaume Boutet)
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