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Derrien & Fourquemin : "Miss Endicott est un mélange entre Amélie Poulain, Marie Poppins et Buffy"

Par Nicolas Anspach le 6 octobre 2007                      Lien  
La collection {Signé}, du Lombard, a subi un lifting conséquent : mise en page, format, etc. Elle s’ouvre aussi aux jeunes auteurs. Les premiers invités sont {{Jean-Christophe Derrien}} et {{Xavier Fourquemin}} qui publient, à un mois d’intervalle, les deux tomes de {Miss Endicott}. Rencontre avec les auteurs.

Ils nous entraînent au cœur de la capitale anglaise au XIXe siècle. Miss Endicott, une conciliatrice, apprend à ses dépends que des êtres mi-humains habitent dans un réseau de souterrain.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Derrien : Grâce aux éditions Bamboo ! Xavier leur avait envoyé un projet pour lequel il assumait à la fois le scénario et le dessin. Hervé Richez, un des éditeurs de cette maison d’édition, nous a présentés. Il appréciait notre travail et pensait que si nous travaillions ensemble, cela donnerait un bon album. Le résultat leur plaisait, mais n’était pas dans leur ligne éditoriale. Celle-ci est axée dans l’humour et dans le polar fantastique. Miss Endicott aurait été en marge de leur catalogue, et ils auraient eu du mal à le défendre. Du coup, nous l’avons présenté ailleurs.

Cette histoire, vous l’avez écrite à deux ?

D : Elle est le résultat d’un mélange de nos envies. Xavier souhaitait dessiner une ville, où deux peuples cohabiteraient : ceux de la surface, les Londoniens, et les mutants des sous-sols. Bref, il voulait une histoire un peu sombre. Pour ma part, j’ai apporté l’idée de Miss Endicott, un personnage féminin frondeur, qui ne cesse d’aller de l’avant !

Fourquemin : J’avais présenté aux éditions Bamboo un recueil d’histoires noires et glauques se déroulant à cette période. Les ambiances se retrouvent un peu dans Miss Endicott. Nous discutions beaucoup ensemble. Surtout pour mettre en commun nos deux idées. J’ai besoin de m’investir dans l’histoire. Jean-Christophe me fournit le synopsis et les dialogues, et je me charge du découpage de la page, ainsi que de la mise en scène…

Derrien & Fourquemin : "Miss Endicott est un mélange entre Amélie Poulain, Marie Poppins et Buffy"
Etude préparatoire

Vous dites volontiers que Miss Endicott est un mélange entre Marie Poppins et Amélie Poulain …

D : Oui. Je voulais donner vie à une super-héroïne qui ressemble à ce mélange. Le côté « Marie Poppins » est venu naturellement, grâce au travail de Xavier. N’oubliez pas que notre histoire se déroule à Londres durant le XIX siècle. Amélie Poulain est en quelque sorte la super-héroïne française, qui œuvre pour le bien de ses voisins. Il y également un zeste de Buffy [1] dans notre personnage. Mais elle a acquis une identité propre au fil des pages.

Miss Endicott est d’une redoutable efficacité lorsqu’elle utilise ses aiguilles à tricoter pour se défendre.

D : Ces scènes sont nées suite à cette question : Comment peut se défendre une femme comme elle ? Nous avons alors pensé que pour s’occuper, elle tricotait… Surtout lorsqu’elle était tapie à guetter dans une planque ! La relation était faite, et nous avons réalisé quelques belles scènes d’action où elle plante ses aiguilles à tricoter dans les fesses des personnes qui veulent l’agresser… Telle un toréador ! (Rires)
En plus, visuellement, ces scènes sont admirables. Xavier la fait tournoyer, virevolter de manière très réussie.

Vous accordez beaucoup de place au mouvement. Le deuxième est d’ailleurs plus dynamique…

F : Le premier album est une mise en place de l’univers et des personnages. Miss Endicott découvre les tenants et les aboutissants de la fonction qu’elle a héritée de sa mère. Celle de conciliatrice. Tout s’accélère dans le deuxième album…

Qu’est ce qu’une conciliatrice ?

D : Une assistante sociale, en quelque sorte. Elle règle les problèmes des plus démunis. On l’appelle en dernier recours.

Chaque album comporte plus de 70 planches. Est-ce que ce format vous apporte plus de liberté ?

D : Oui. Même si ce fut dur ! Nous avons réalisé les deux albums en trente mois. Xavier travaille rapidement, mais malgré cela c’était plutôt long. L’éditeur souhaitait publier les deux albums avec un mois d’intervalle, en septembre et en octobre. Sur le coup, nous n’étions pas enthousiastes. Nous ne pouvions pas avoir de recul par rapport à notre travail. Et pas d’autres regards que celui de l’éditeur. C’était frustrant.
Aujourd’hui, nous pensons que c’était un bon choix, une bonne idée. Et puis, cette pagination nous permettait d’avoir plus de place pour se laisser aller à des envies graphiques ou d’ambiances.

Xavier Fourquemin, vous avez du prendre beaucoup de plaisir à dessiner les gens des sous-sols…

F : Effectivement ! J’ai pu me lâcher et suivre mes envies. J’adore déformer mes personnages, même si j’ai été obligé de me restreindre par rapport à Alban ou Outlaw. Miss Endicott est une bande dessinée plus classique qui met en scène des personnes normales et des monstres, les gens des sous-sols. Il fallait que le lecteur perçoive la différence entre ces deux peuples. Je me suis donc lâché lorsque je dessinais les gens du sous-sol, et calmé pour les gens d’en haut …

Etude préparatoire

Jean-Christophe Derrien, vous avez écrit sur différents forums que vous envisagiez une suite à ce diptyque…

D : Je ne pense pas avoir tenu un tel propos. Mais il est vrai que c’est une envie… Nous venons de boucler cette histoire complète. J’ai passé beaucoup de temps, ces dernières semaines, à lire les réactions de nos lecteurs sur les forums. Je n’ai jamais eu un tel retour sur mes autres albums. J’ai l’impression que les gens se sont appropriés le personnage, et en veulent un peu plus…

N’est-ce pas frustrant de quitter un univers si riche…

F : Un peu. Nous désirions, au départ, réaliser une série populaire. Mais le projet a évolué et a intégré la collection Signé.

Extrait du T2.

Quels sont vos projets ?

F : Avec Pierre Dubois, nous entamons une histoire découpée en quatre albums pour le Lombard. Le récit se passe en Angleterre, à la même époque (Rires). On y retrouvera l’univers de Pierre Dubois, c’est-à-dire des fées et des elfes. Comme le titre de la série l’indique, Changeling [2] parlera d’un enfant humain qui est enlevé par les fées et remplacé par un enfant fée.

Et vous, Jean-Christophe Derrien ?

D : Terminer le deuxième tome de Time Twins. Je prépare un projet avec Simon Van Liemt, avec qui j’ai signé Incantations, aux éditions Glénat. Mais j’essaie d’alterner les médias. J’ai inventé de nombreux scénarios de dessin animé. J’ai écrit dernièrement un film. Nous avons les acteurs et le réalisateur, mais il nous manque encore un producteur. Il s’agira d’une comédie dramatique intimiste. Il est encore un peu trop tôt pour vous en parler.

Fourquemin & Derrien
Photo (c) Nicolas Anspach

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Images (c) Fourquemin, Derrien & Le Lombard.

[1Ndlr : l’auteur fait référence à la série télévisée Buffy contre les vampires, également adaptée en bandes dessinées.

[2Voir la notice sur Wikipédia

 
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