Effets des traitements, du stress d’une vie parisienne oppressante et des difficultés quotidiennes ? Alex n’en peut plus de supporter une vie difficile, faite d’anonymat, d’incompréhension, sans perspective, ni vision optimisme. Au fil des jours, des semaines, ce publicitaire de 33 ans s’aigrit, devient insupportable face à une existence qui ne l’est pas moins.
Faut-il alors changer de vie et d’environnement de manière radicale ? C’est en tout cas le message que semble véhiculer ce récit. Le héros retrouvera la joie de vivre en s’installant dans la région nantaise, face à la mer, dans la douceur provinciale ? Une histoire dont on devine clairement la part autobiographique.
Arnaud Gautelier sait en effet de quoi il parle ! Cet ancien directeur artistique avait déjà témoigné dans un livre (J’te plaque , ma sclérose édition Philippe Rey) de sa maladie et des conséquences sur sa vie quotidienne. Avec ce roman graphique il se lance dans un témoignage lucide et critique, non dénué d’humour. Le fondateur de l’association Notre sclérose, âgé de 35 ans cherche manifestement à changer le regard sur une maladie qui touche encore 80 000 personnes en France et dont on parle assez peu.
Renaud Pennelle vient lui aussi de la publicité et du design. Ce jeune auteur a déjà eu l’occasion d’expérimenter son graphisme moderne et enlevé à travers deux albums publiés chez le même éditeur : Sagarmatha pour la collection Atmosphères Sport et La Vénus Noire, adaptation du film d’ Abdellatif Kechiche.
Manifestement séduit par les « sujets difficiles », le dessinateur impose son style personnel, nerveux et un peu torturé en écho au discours d’écorché vif du scénariste. Traité avec sobriété et uniquement au lavis, le graphisme s’accorde non seulement à la douleur du récit mais aussi au message d’espoir qui surgit en conclusion du livre.
Bien sûr, on retrouve quelques points communs avec certains succès du genre vus récemment au cinéma. Le choix du handicap comme thème central, la séquence en parapente (eh oui !) ne peuvent pas ne pas faire penser à un certain « Intouchables ». C’est là un reproche assez facile mais auquel ce roman graphique non dépourvu de qualités ne pourra échapper. De même, est-on tenté de relever certains clichés sur les aspects trop simples et presque idylliques de la vie de province en comparaison d’un univers parisien presque caricatural.
Il n’empêche que la tentative des auteurs (et de l’éditeur !) reste suffisamment courageuse et inédite pour mériter toute notre attention. À découvrir !
Voir en ligne : L’association de Notre sclérose
(par Patrice Gentilhomme)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion