Interviews

Desberg & Vallès : "L’Homme est engagé depuis toujours dans une démarche suicidaire"

Par Nicolas Anspach le 19 avril 2006                      Lien  
Après avoir raconté l'infiltration d'un agent de la DEA au cœur d'une famille de la mafia de la drogue dans {[Tosca->883]}, {{Stephen Desberg}} et {{Francis Vallès}} poursuivent leur collaboration avec {Rafales} qui raconte les aventures d'un jeune reporter photographe dans un climat géopolitique corsé. Un thriller épicé par une pincée de fantastique. Explications.

Francis Vallès, après avoir dessiné sept albums et un hors série des Maitres de L’Orge, tous écrits par Jean Van Hamme, vous avez embrayé sur Tosca sur un scénario de Stephen Desberg. Vous aviez envie de travailler avec lui ?

FV : C’est un mariage éditorial "arrangé", à l’instar de ma collaboration avec Jean Van Hamme. Lorsque nous étions sur le point de clôturer la saga des Maîtres de L’Orge, j’ai demandé aux éditions Glénat de me présenter un autre scénariste. Stephen Desberg avait déjà une certaine renommée et une carrière impressionnante. Son travail m’intéressait et je n’ai pas été long à accepter une collaboration avec lui.
Les trois albums de Tosca parus chez Glénat ont été un galop d’essai marquant le début de notre travail en commun. Ensuite, nous avons parlé de nos envies, et Rafales est née de ces discussions. Nous avons une relation fort étroite. Stephen n’hésite pas à me téléphoner, au cours de l’écriture d’un album, pour me parler des directions qu’il souhaite prendre.

Rafales comporte un bon nombre de personnages. N’avez-vous pas peur d’embrouiller le lecteur ?

FV :Les "vrais" héros me dérangent toujours un peu car ils sont généralement trop clean. Je préfère souvent les personnages secondaires. Le héros, dans Rafales, est bien sûr Seb Christie, mais d’autres personnages ont presque autant d’importance que lui. Je songe à India Allen, notamment. Seb va prendre de l’ampleur dans le troisième album. A mon grand bonheur, d’ailleurs.
On sera moins dans l’action et plus dans la psychologie. Notre héros ne subira plus l’histoire, mais il va y prendre part.

Desberg & Vallès : "L'Homme est engagé depuis toujours dans une démarche suicidaire"
Francis Vallès (et en arrière-plan Job et Derib)
Photo (c) Nicolas Anspach

Comment décririez-vous la collaboration avec votre scénariste ?

FV :Cela va faire cinq ans que nous travaillons ensemble. Stephen me procure un confort de travail indéniable. Il a autant de professionnalisme que Jean Van Hamme. Nous avons une collaboration très ouverte dans laquelle chacun peut critiquer le travail de l’autre. C’est enrichissant.
Stephen fait également attention à me faciliter la tâche. Nos personnages voyagent beaucoup. C’est très plaisant : un dessinateur s’épuise toujours un peu à dessiner les mêmes décors. Heureusement, Stephen utilise les lieux que j’ai visités pour notre histoire.

Combien d’album comptera cette série ?

FV :Entre six ou huit. Rien n’est planifié pour l’instant.

Il y a peu plus de deux ans, on vous a cité comme le possible successeur de Ted Benoît pour Blake & Mortimer. Finalement, c’est René Sterne qui illustre le scénario de Van Hamme. C’était une rumeur ?

FV :Oui et j’en étais flatté ! C’était surtout impressionnant de voir qu’un tel bruit pouvait avoir des répercussions sur tant de personnes. J’ai reçu pas mal d’appels téléphonique à ce sujet, dont celui de Stephen Desberg, catastrophé, qui croyait que je le quittais ! Je tombais des nues car je n’avais plus ouvert mon ordinateur depuis des jours et je n’avais pas conscience de la portée de ces bruits infondés.

Extrait du T2 de Rafales

Stephen Desberg, la géopolitique est une thématique particulièrement importante dans Rafales. D’où vient votre intérêt pour ce domaine ?

SD :Mon père est américain. Et ma mère française. J’ai épousé une africaine. J’ai eu la chance de pouvoir voyager dans de nombreux pays depuis les années ‘80. Aussi bien aux Etats-Unis, qu’en Afrique et en Amérique Latine. C’est en bougeant de la sorte que l’on se rend compte que les points de vue changent beaucoup d’un continent à l’autre, d’une réalité économique à l’autre. Sans parler des religions....
Finalement, mes personnages sont amenés à réfléchir sur les questions que je me pose, et que je partage avec les dessinateurs qui m’accompagnent sur ces projets ...

Pourquoi avoir placé une légère pointe de fantastique dans l’histoire ? On remarque qu’elle est suggérée dans les deux premiers tomes. Le sera-t-elle encore dans les prochains albums ?

SD :C’est une touche fantastique plutôt symbolique, je dirais. Il ne sera jamais question de montrer des monstres, ou des transformations physiologiques visibles. Je voulais développer l’idée que l’Homme est engagé depuis toujours dans une démarche suicidaire. Il est un monstre pour lui-même et pour sa planète. Jusqu’où voulons-nous aller, avant de regarder les choses en face ?

Extrait du T2 de Rafales

Le personnage principal de la série,Seb Christie, semble subir le récit plutôt que d’en être le moteur...

SD :C’est exact ! Seb est photographe et donc, avant tout un témoin. C’est un observateur qui désire montrer des choses qui lui sont importantes. Mais il se pose d’ailleurs cette question : souhaite-t-il rester témoin ou veut-il prendre définitivement position ? C’est ce qu’il fera dans le troisième album, lorsque ses rapports avec India Allen évolueront dramatiquement...

Stephen Desberg
Photo (c) I. Verzar / Lombard.

Quels sont vos projets ?

SD :IR$, le Scorpion, Black Op et Rafales se développent magnifiquement. Mayam est un peu en balance, et nous prendrons une décision quant à sa suite après le tome 5. Il pourrait y avoir un nouveau projet avec Daniel Koller, nous verrons. Avec Henri Reculé, nous avons entamé une nouvelle série au Lombard, Cassio, qui débutera en 2007, et qui sera une sorte de roman policier, une enquête menée par une archéologue d’aujourd’hui sur une meurtre commis dans l’empire romain. Enfin, je travaille sur un projet un peu spécial qui me permettra d’écrire des personnages autrement, plus à l’américaine. Nous en reparlerons sans doute bientôt.

Il était également question d’une adaptation de I.R.$ en série télévisée aux Etats-Unis...

SD :Je ne crois pas vraiment à la conclusion de cette adaptation. Il y a actuellement d’autres discussions autour de cette même série en France.

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Lire la chronique du T1 de Rafales : « Les Inhumains ».
Lire la chronique du T2 de Rafales : « L’évolution ».

Illustrations (c) Vallès, Desberg & Lombard.

 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Nicolas Anspach  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD