Ce que construit, dans le paysage du manga, Hirohiko Araki depuis bientôt trente ans est indéniablement colossal. Nous avions tenté, en mars dernier, de vous en donner un aperçu à l’occasion de la nouvelle édition de la deuxième partie de sa grande saga, Jojo’s Bizarre Adventure. Avec Diamond is Unbreakable, qui date du début des années 1990, Tonkam achève la réédition des quatre premières parties de la saga, anciennement parues chez J’ai lu et épuisées depuis bien longtemps, et dont les volumes d’occasion s’arrachaient il y a encore peu des fortunes.
Tonkam avait choisi, dans sa démarche, de ne pas suivre l’ordre "naturel" de différentes parties, il est vrai globalement indépendantes les unes des autres. Mais la partie 4, relancée aujourd’hui, s’inscrit, pour ce qui est de l’intrigue globale, dans la continuité assez directe de la troisième, habituellement considérée comme la plus populaires des "saisons" de la saga et par laquelle Tonkam avait débuté, tout en marquant avec elle une profonde rupture narrative.
L’action se situe en 1999, dix ans après la victoire de Jotaro sur le vampire Dio. Le héros de Stardust Crusaders se rend à Morio, ville (fictive) japonaise, pour y retrouver Josuke Higashikata, 16 ans, fruit d’une union secrète entre son grand-père Joseph Joestar et une jeune japonaise. Il compte aussi y mener enquête, un criminel doté d’un "stand", ces pouvoirs terrifiants découverts dans la partie 3, y ayant été détecté.
Là où Stardust Crusaders emmenait son lecteur à travers le monde pour une succession d’affrontements titanesques, Diamond is Unbreakable va jouer la carte de l’unité de lieu - la ville de Morio - et nous proposer une sorte de chronique du quotidien sous le signe des "stands", dressant au passage une galerie de portraits de fascinants marginaux où sans cesse le sublime le dispute au grotesque.
Un fil rouge, ténu, se construit toutefois autour du motif de l’enquête, qui va se ramifiant au fil des chapitres, du criminel poursuivi à l’origine mystérieuse de l’apparition de manieurs de stands dans la ville. Mais le changement de rythme et d’échelle avec la précédente saison de Jojo’s Bizarre Adventure est manifeste et propose une nouvelle approche, plus fine et nuancée, d’un univers d’abord dédié au shonen de combat.
Hirohiko Araki rebat ici les cartes du genre pour nous offrir un profond et stimulant renouvellement de son art. Une vraie réussite que tout amateur de manga se doit de découvrir, ou redécouvrir.
(par Aurélien Pigeat)
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"Diamond is Unbreakable" T1 ("Jojo’s Bizarre Adventure" Partie 4). Par Hirohiko Araki. Traduction Satoko Fujimoto. Tonkam, collection Shonen. Sortie le 1er juillet 2015. 192 pages. 6.99 euros.
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